* Le taux des "fed funds" maintenu à 5,25%-5,50%

* L'inflation actuelle reste "élevée", selon la Fed

* La Fed relève ses perspectives de croissance du PIB

* Powell dit s'attendre toujours à un reflux de l'inflation

(Répétition d'une dépêche publiée mercredi sans changement dans le texte)

WASHINGTON, 21 mars (Reuters) - La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu mercredi ses taux directeurs inchangés, pour la cinquième fois consécutive, tout en indiquant qu'elle prévoyait toujours de les réduire de trois quarts de point de pourcentage cette année, malgré des prévisions plus modestes sur la baisse de l'inflation.

S'exprimant après la publication du communiqué de la banque centrale américaine, son président, Jerome Powell, a souligné en conférence de presse que les récents chiffres montrant une inflation élevée n'ont pas modifié le "narratif" sous-jacent d'un relâchement progressif des pressions sur les prix aux Etats-Unis.

Il a cependant ajouté que les données récentes n'avaient pas non plus renforcé la confiance de la Fed au point de dire que la bataille contre l'inflation était gagnée.

Dans son communiqué de politique monétaire, la Fed présente l'inflation comme toujours "élevée", et les projections économiques trimestrielles actualisées montrent que l'indice des prix des dépenses de consommation personnelle (PCE) hors alimentation et énergie augmentera à un taux de 2,6% à la fin de l'année, contre 2,4% dans les projections publiées en décembre.

Cela n'empêche pas 10 des 19 responsables de la Fed de prévoir toujours une baisse du taux directeur d'au moins 75 points de base d'ici fin 2024, une prévision médiane fixée à ce niveau pour la première fois en décembre et maintenue malgré de récentes données montrant une inflation plus forte que prévu.

A Wall Street, les indices boursiers ont conservé leurs gains initiaux immédiatement après les annonces de la Fed.

Le dollar s'est déprécié de 0,16% par rapport à un panier de devises, tandis que le rendement des bons du Trésor américain à dix a baissé d'environ 1,5 point de base, à 4,2827%.

L'indice Dow Jones a fini en hausse de 1,03%, à 39.512,13 points et le Standard & Poor's 500, plus large, a progressé de 0,89% à 5.224,62 points, tandis que le Nasdaq Composite a pris 1,25%, à 16.369,40 points.

"La réunion de mai n'est pas propice à une baisse, à moins d'un accident financier, car le Comité (de politique monétaire de la Fed) continue de chercher à s'assurer que l'inflation revienne à son niveau cible avant d'entamer le cycle d'assouplissement", a analysé Michael Brown, responsable marchés chez Pepperstone.

En décembre, 11 responsables de la Fed avaient déjà prévu trois baisses d'un quart de point de pourcentage pour 2024.

Les nouvelles projections de la Fed s'accompagnent cependant d'une révision à la hausse des perspectives de l'économie. La croissance pour cette année est désormais attendue à 2,1%, contre seulement 1,4% prévu en décembre, tandis que le taux de chômage devrait se situer en fin d'année à 4%, soit moins que les 4,1% prévus en décembre et à peine plus que le taux de chômage de 3,9% enregistré en février.

UN TAUX À LONG TERME PLUS ÉLEVÉ

Le taux directeur à long terme, un indicateur clé, a été relevé d'un dixième de point de pourcentage, passant de 2,5% à 2,6%, ce qui reflète l'avis de certains responsables de la Fed selon lequel l'économie peut supporter des taux d'intérêt plus élevés à l'avenir.

La Fed a lancé son cycle agressif de resserrement monétaire il y a deux ans en réponse à une poussée de l'inflation qui a fini par grimper à un pic de 40 ans. Depuis juillet dernier, la banque centrale américaine a décidé de maintenir son taux directeur dans la fourchette 5,25%-5,50%.

Les dernières projections de la Fed montrent que la perspective médiane donne une baisse du taux d'intérêt de référence au jour le jour de trois quarts de point de pourcentage en 2025, soit moins que ce qui était prévu en décembre dernier, et de trois quarts de point en 2026 également, comme prévu trois mois plus tôt.

"L'activité économique s'est développée à un rythme soutenu. Les créations d'emplois sont restées importantes et le taux de chômage est resté faible", écrit la Fed dans son communiqué, qui a été approuvé à l'unanimité.

Le communiqué réitère également que les responsables de la banque centrale attendent toujours une "plus grande confiance" dans la baisse continue de l'inflation avant de procéder à une première baisse des taux d'intérêt. Cette rhétorique avait déjà employée lors de la réunion des 30-31 janvier et pourrait être utilisée à nouveau jusqu'à la première baisse des coûts d'emprunt.

Dans une note, les analystes d'Oddo BHF Suisse ont dit ne pas être surpris des décisions de la Fed, notant que la désinflation a été moins forte que prévu, que l'impact de la politique monétaire restrictive est moins important que prévu et que, depuis le début de l'année, les attentes des investisseurs convergent vers les prévisions de la banque centrale américaine.

Oddo BHF dit anticiper des baisses de taux de la Fed de 25 points de base en juin, septembre et décembre.

RALENTISSEMENT PROGRESSIF DE L'INFLATION

Au cours de sa conférence de presse, Jerome Powell a souligné que, malgré la vigueur inattendue de l'inflation, les perspectives de la Fed s'agissant des pressions sur les prix restaient relativement stables.

Les récentes données sur l'inflation "n'ont pas vraiment changé la situation globale, qui est celle d'une inflation qui diminue progressivement, sur un chemin quelque peu semé d'embûches", a-t-il dit.

Jerome Powell a par ailleurs minimisé la portée des indicateurs selon lesquels le marché du travail commencerait à être en difficulté.

"Le marché du travail est en bonne forme", a-t-il déclaré. "Je ne vois pas de fissures actuellement" sur le marché du travail qui se remet des déséquilibres extrêmes ayant suivi le début de la pandémie de COVID-19, a-t-il ajouté.

"À bien des égards", a-t-il noté, les conditions du marché du travail "reviennent davantage à leur niveau de 2019".

Concernant le bilan de la Fed, Jerome Powell a indiqué que le jour approchait à grands pas où la banque centrale ralentirait le rythme de la liquidation de son portefeuille.

"Il sera approprié de ralentir le rythme de la liquidation assez prochainement", a-t-il déclaré, faisant référence au retrait en cours des avoirs obligataires de la Fed.

Jerome Powell a souligné que ralentir le rythme de ces réductions par rapport au rythme actuel d'un peu moins de 100 milliards de dollars par mois réduirait le risque que la Fed aille trop loin et ébranle les marchés monétaires. (Howard Schneider et Ann Saphir, avec la contribution de Saqib Ahmed et Lindsay Dunsmuir; version française Claude Chendjou, édité par Jean Terzian)

par Howard Schneider et Ann Saphir