par Michelle Nichols

NATIONS UNIES, 18 septembre (Reuters) - Les dirigeants mondiaux se réuniront la semaine prochaine à New York pour participer à l'Assemblée générale des Nations unies, dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées qui poussent les grandes puissances mondiales à tenter de s'attirer les faveurs des nations émergentes.

Le président ukrainien, Volodimir Zelensky, assistera en personne à la réunion, alors que la guerre en Ukraine devrait encore dominer les discussions cette année.

Une attention particulière devrait également être portée aux pays émergents, alors que les pays occidentaux tentent d'obtenir leur soutien afin d'isoler la Russie.

De nombreuses réunions de haut niveau porteront sur les priorités des pays en voie de développement en Afrique, en Amérique latine et en Asie.

"Cette année, les pays émergents ont dicté le programme", a déclaré Richard Gowan, directeur Onu du cercle de réflexion International crisis group.

"Les pays non-occidentaux ont su avantageusement utiliser ce moment", a-t-il dit. "Je pense qu'ils ont tiré avantage du fait que les Etats-Unis d'un côté et la Russie de l'autre cherchent à s'assurer leur soutien."

DES MILLIARDS POUR LES INFRASTRUCTURES

La guerre en Ukraine n'est toutefois pas la seule raison de l'intérêt pour les pays émergents.

La Chine a accordé au cours des dix dernières années des centaines de milliards de dollars de prêts dédiés à la construction des infrastructures nécessaires aux "Nouvelles Routes de la soie", le vaste réseau de partenariats économiques noués par Pékin à travers le monde.

Les Etats-Unis et leurs alliés ont récemment tenté de parer à l'influence croissante de la Chine en promettant des aides en matière de développement et de climat.

L'ambassadrice américaine à l'Onu, Linda Thomas-Greenfield, a estimé que l'Assemblée générale des Nations unies représentait une chance pour les petits pays de "présenter leurs priorités" et qu'elle ne considérait pas la réunion comme "une compétition entre grandes puissances".

Son homologue chinois, Zhang Jun, a déclaré à Reuters que Pékin n'avait "aucune intention de rivaliser avec quiconque" et que la Chine "(souhaitait) faire plus pour les pays en développement".

L'ambassadeur de la Russie à l'Onu, Vassily Nebenzia, a indiqué à Reuters que Moscou ne "cherchait à ensorceler personne".

"Nous ne conditionnerons jamais notre amitié (en demandant à qui que ce soit) de rentrer dans le rang et de faire ce que nous voulons, contrairement à certains de nos collègues", a-t-il dit.

ZELENSKY AU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Volodimir Zelensky prendra la parole mardi lors de l'Assemblée générale et s'exprimera le lendemain devant le Conseil de sécurité de l'Onu, où siège le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Les diplomates occidentaux souhaitent par ailleurs montrer que la guerre en Ukraine ne les empêche pas de se concentrer sur d'autres crises.

Un haut diplomate européen a toutefois prévenu que les tensions géopolitiques pourraient pousser davantage de pays émergents à rejoindre le club des BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud).

Le groupe a invité le mois dernier six pays - l'Argentine, l'Egypte, l'Iran, l'Ethiopie, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis - à le rejoindre.

Selon un diplomate africain, les Nations unies n'arrivent pas à "montrer aux jeunes Africains que leur impatience sur le front de l'emploi peut être résolue par la démocratie et non par les soldats".

"Si personne n'est à leur côté, alors les BRICS - et ce qu'ils proposent - seront attrayants", a-t-il estimé. (Reportage Michelle Nichols; version française Camille Raynaud)