New York (awp/afp) - Wall Street qui avait d'abord bien accueilli un ralentissement de l'inflation américaine a finalement terminé dans le rouge mercredi alors que le compte-rendu de la dernière réunion de la Fed a remis sur la table la possibilité d'une légère récession aux Etats-Unis.

L'indice Dow Jones a cédé 0,11% à 33.646,50 points, le Nasdaq, à dominante technologique, a perdu 0,85% à 11.929,34 points et le S&P 500 0,41% à 4.091,95 points.

La Bourse de New York a passé la moitié de la séance dans le vert, saluant, avec prudence toutefois, une inflation ralentie à 5% sur un an en mars, mieux que prévu, selon l'indice CPI, contre 6% en février sur douze mois.

Toutefois, l'enthousiasme des investisseurs était modéré par le fait que l'inflation dite sous-jacente --qui exclut les secteurs volatils comme l'alimentation ou l'énergie-- est restée élevée sur un an à 5,6%, contre 5,5% le mois d'avant.

Si les prix de l'énergie ont reculé, permettant à l'inflation générale de s'apaiser, ceux des logements et des transports ont poursuivi leur ascension.

"Il y a des signes encourageants (...) mais avec une inflation sous-jacente toujours élevée, il y a de fortes chances que la Fed poursuive ses tours de vis avec une autre dernière hausse de taux de 25 points de base lors de sa prochaine réunion monétaire", prévue les 2 et 3 mai, a commenté Paul Ashworth, économiste pour Capital Economics.

En deuxième partie de séance, le procès-verbal ("minutes") de la dernière réunion monétaire de la Fed en mars a soulevé des interrogations, mettant au jour une divergence d'opinion entre les économistes de l'institution et son Comité monétaire.

L'équipe d'économistes a estimé que les récentes difficultés bancaires pouvaient mener "à une légère récession aux Etats-Unis".

Malgré cet avis, et celui de membres non-votants enclins à faire une pause dans les hausses de taux, le Comité monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) avait voté, unanime, pour un nouveau relèvement des taux de 25 points de pourcentage.

"Dissensions" ___

"Il y aura des dissensions" au sein du FOMC lors du prochain rendez-vous de début mai, a prévenu Ryan Sweet, économiste en chef de Oxfordeconomics pour les Etats-Unis.

"Quelle journée ! On en a tant appris !", a commenté pour l'AFP Edward Moya, analyste pour Oanda.

"Les investisseurs n'ont cessé de lire et relire ces minutes car naissent des inquiétudes que les représentants de la Fed deviennent plus nerveux quant aux perspectives économiques et aux conséquences des problèmes bancaires", a-t-il souligné.

L'analyste rappelait que dès vendredi plusieurs grandes banques vont divulguer leurs résultats: "elles vont devoir dévoiler leurs bilans et si elles hésitent à le faire, c'est qu'il y a des problèmes", a-t-il averti.

A cela s'ajoutait le fait que l'inflation sous-jacente est restée tenace en mars, ce qui va "conduire la Fed à bientôt faire savoir qu'elle va devoir conserver des taux élevés plus longtemps que ne s'y attend le marché", a encore expliqué M. Moya.

"Tout cela a réduit l'appétit au risque chez les investisseurs", a-t-il conclu.

Du côté des valeurs, l'immense transporteur de conteneurs Triton International a bondi de plus de 32% après avoir signé un accord pour son rachat par Brookfield Infrastructure, qui devrait le sortir de la cote. L'acquisition est évaluée à 13,3 milliards de dollars, y compris la dette.

La plateforme de commerce électronique Shopify a gagné 1,16% après une note favorable d'analystes mais plusieurs grands noms du secteur de la tech ont cédé du terrain comme Block (paiements électroniques, -5,54%), le spécialiste de la communication video Zoom (-3,59%) ou le groupe de streaming Roku (-5,47%).

Les compagnies aériennes ont décroché alors que leurs prévisions de résultats ont été révisées à la baisse. Ainsi American Airlines a lâché 9,22%, United 6,50% et Delta 2,43%.

afp/rp