PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue dans le désordre lundi à l'ouverture et les Bourses européennes reculent fortement à mi-séance dans un contexte de forte volatilité liée aux craintes de l'impact de l'effondrement de la banque américaine SVB malgré les tentatives des autorités visant à rassurer le marché.

Les futures sur indices new-yorkais suggèrent une ouverture en baisse de 0,71% pour le Dow Jones et de 0,33% pour le Standard & Poor's 500, tandis que le Nasdaq pourrait gagner 0,39% avec le reflux des rendements obligataires.

À Paris, le CAC 40 fléchit de 2,53% à 7.037,96 points vers 12h30 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 2,64% et à Londres, le FTSE recule de 2,29%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 cède 2,31%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 2,8%. Le Stoxx 600 perd 2,35%, s'acheminant vers sa plus forte baisse depuis décembre.

Piégée par le relèvement accéléré des taux d'intérêt aux Etats-Unis, SVB Financial Group, qui opère sous le nom de SVB, s'est effondré en Bourse la semaine dernière après une augmentation surprise de capital destinée à combler une perte de 1,8 milliard de dollars, consécutive à la cession d'un portefeuille obligataire.

Face à la menace d'un retrait des dépôts des clients, la Fed s'est engagée à mettre à la disposition des banques des fonds, via un nouveau programme de financement bancaire, pour les établissements qui en auraient en besoin.

Le Royaume-Uni, pour sa part, a dit vouloir "éviter les dommages" liés à la chute de SVB, tandis qu'en France, le ministre des Finances Bruno Le Maire, a assuré qu'il n'y avait pas d'"alerte spécifique" sur le secteur dans l'Hexagone.

En Allemagne, sans attendre une éventuelle décision de la Banque centrale européenne (BCE), la Bundesbank a choisi lundi de convoquer une réunion de crise pour évaluer les possibles effets de l'effondrement de la banque américaine sur son marché domestique.

Sur les marchés monétaires et obligataires, les différentes mesures annoncées amènent les investisseurs à revoir à la baisse leurs anticipations de remontée des taux, si bien que le dollar se déprécie face à un panier de devises de référence et que les rendements sur les emprunts à court terme accusent une forte baisse.

Selon le baromètre Fedwatch de CME Group, la probabilité d'un statu quo sur les taux de la Fed à l'issue de la réunion des 21 et 22 mars est désormais de près de 33% et celle d'un relèvement limité à 25 points de base à environ 67%. Le marché tablait la semaine dernière avec une probabilité de 70% sur une hausse de 50 points de base des taux de la Fed ce mois-ci avant l'effondrement de SVB.

Goldman Sachs, pour sa part, ne prévoit plus de hausse de taux de la Fed en mars et voit des incertitudes sur la trajectoire du coût du crédit au-dela de cette date.

Signe de la nervosité, l'indice mesurant la volatilité aux Etats-Unis bondit de 17,17% à 29,06 points, tandis que son équivalent européen s'envole de 32,25% à 28 points.

"Les investisseurs sont encore ébranlés par les événements de ces derniers jours et attendent avec impatience de voir si les répercussions sur le secteur financier vont se propager et créer de nouveaux problèmes", souligne Susannah Streeter, responsable des changes et des marchés financiers chez Hargreaves Lansdown.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

First Republic Bank chute de 56,6% en avant-Bourse, alors que les inquiétudes persistent quant au risque pour les banques régionales.

JPMorgan Chase & Co, Morgan Stanley et Bank of America cèdent de 1% à 5% en avant-Bourse.

VALEURS EN EUROPE

En Europe, les déboires de SVB pèsent particulièrement sur le compartiment bancaire (-5,81%), la finance (-3,81%) et celui des assurances(-3,65%) alors qu'aucun des grands secteurs de la cote n'échappe à l'aversion au risque.

Dans les valeurs bancaires, qui s'acheminent vers leur plus important repli en deux séances consécutives depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Commerzbank plonge de 12,14%, Société Générale de 6,13% et Sabadell de 10,11%.

HSBC reflue de 4,168% après avoir annoncé lundi le rachat pour une livre sterling de la filiale britannique SVB.

Dans les autres compartiments, Sanofi abandonne 1,6% après l'annonce du rachat de la biotech américaine Provention Bio pour 2,9 milliards de dollars (2,7 milliards d'euros), tandis que SAP recule de 2,5% après la cession de sa participation dans Qualtrics pour 7,7 milliards de dollars.

TAUX

Le rendement des bons du Trésor américain à deux ans reflue de 41 points base, à 4,17%, sa plus forte baisse en une séance depuis 2008, après avoir touché un creux depuis le 3 février à 4,157%.

Les rendements à court terme en Europe suivent la tendance et celui du Bund allemand à deux ans s'affiche à 2,68%, au plus bas depuis le 9 février, avec un repli de 40 points de base, la baisse la plus forte en une séance depuis janvier 1995.

CHANGES

La perspective d'une Fed moins agressive après la déroute de SVB pèse sur le dollar, qui abandonne 0,29% face à un panier de devises de référence.

L'euro en profite pour remonter à 1,0667dollar (+0,23%).

MÉTAUX

L'or, valeur refuge, continue de monter et a touché lundi un pic depuis le 3 février à 1.893,96 dollars l'once après avoir déjà gagné 2% vendredi.

PÉTROLE

Les cours pétroliers sont affectés par les craintes d'une nouvelle crise financière dans le sillage de la chute de SVB: le Brent cède 5,29% à 78,40 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 5,63% à 72,36 dollars.

(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Matthieu Protard)

par Claude Chendjou