(Actualisé avec précisions, cours de Bourse, contexte)

par Valentina Za

MILAN, 2 mai (Reuters) - Les banques italiennes ont souffert lundi à la Bourse de Milan en raison de l'échec du projet d'introduction en Bourse de Banca Popolare di Vicenza et de la déception suscitée chez les investisseurs par les mesures gouvernementales censées accélérer le recouvrement des créances impayées.

La Bourse de Milan a annoncé en cours de séance qu'elle ne pouvait pas autoriser la cotation de Popolare di Vicenza, après l'annonce samedi que les investisseurs n'avaient souscrit qu'à 7,7% de son émission de titres représentant 1,5 milliard d'euros.

Ce manque d'intérêt pour la huitième banque d'Italie, menacée de liquidation, contraint le fonds de sauvetage Atlante, mis en place par les autorités italiennes pour assainir les banques les plus faibles du pays, à prendre 99,3% du capital de l'établissement régional.

Le titre UniCredit a fini en repli de 3,18%, plus forte baisse de l'EuroStoxx 50, Banco Popolare de 7,3% et UBI Banca de 4,92%, entre autres.

Intesa Sanpaolo a également reculé, de 1,98%, après avoir un temps surnagé dans la matinée grâce à l'annonce avant l'ouverture de la vente de ses filiales de paiement Setefi et Intesa Sanpaolo Card aux firmes de capital-investissement Advent, Bain Capital et Clessidra dans le cadre d'une transaction à 1,035 milliard d'euros.

Le décret publié vendredi soir par le gouvernement de Matteo Renzi, visant à donner de l'air à un secteur bancaire étouffé par 360 milliards d'euros de créances douteuses, a pesé aussi sur les valeurs bancaires en Bourse de Milan.

Matteo Renzi a dit que le décret allait ramener le temps nécessaire pour recouvrer une dette à six à huit mois au lieu de six à huit ans. "Ce décret vise à régler (...) définitivement les problèmes du système bancaire de notre pays", a-t-il déclaré.

RENZI HUÉ

Les investisseurs ont réagi avec scepticisme, le décret s'appliquant essentiellement aux nouveaux prêts et non à la montagne de prêts à risque en souffrance. Les analystes disent que ces mesures ne changent rien, du moins à court terme.

"Il s'agit sans aucun doute d'un pas dans la bonne direction mais pour le moment, nous préférons rester prudents", écrivent les analystes de Keefe, Bruyette & Woods dans une note. "Les réformes prises l'an dernier sur les prêts non performants étaient censées diminuer de moitié le temps de recouvrement des créances mais jusqu'ici, rien ne prouve que ce soit le cas."

Le décret prévoit également le remboursement de certains détenteurs d'obligations qui ont perdu de l'argent lors du sauvetage de quatre petites banques du pays l'an dernier.

Un groupe de petits actionnaires en colère, dont les économies ont fondu l'an dernier à cette occasion, ont manifesté lundi contre Matteo Renzi dans sa ville de Florence aux cris de "bouffon" et "voleur", se plaignant que seuls certains détenteurs d'obligations malheureux seront remboursés.

Les banques italiennes ont perdu près d'un tiers de leur valeur cette année, affectées par leurs créances douteuses et par les les taux négatifs qui pèsent sur leur rentabilité.

Les investisseurs craignent que les banques ne soient contraintes de lever plus de capitaux et l'échec de l'émission d'actions de Popolare di Vicenza en vue de son introduction en Bourse est de mauvais augure pour l'augmentation de capital d'un milliard prévue par sa concurrente Veneto Banca en juin. (Bertrand Boucey et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Patrick Vignal)