CANBERRA, 31 janvier (Reuters) - Un navire transportant environ 14.000 moutons et 2.000 bovins est actuellement bloqué dans une chaleur étouffante au large des côtes australiennes après avoir été contraint d'abandonner son voyage à travers la mer Rouge, suscitant un tollé des défenseurs du bien-être animal.

Le navire a quitté l'Australie le 5 janvier à destination d'Israël, où il devait être déchargé, mais s'est détourné de sa route à la mi-janvier à la suite de menaces d'une attaque de la part des milices houthies du Yémen, avant que le gouvernement australien ne lui ordonne de rentrer.

Le sort des animaux reste incertain: ils pourraient être déchargés en Australie, où les règles de biosécurité exigeraient qu'ils soient mis en quarantaine, ou renvoyés en mer pour un voyage d'un mois vers Israël, cette fois en contournant l'Afrique, pour éviter la mer Rouge, ont indiqué des responsables du secteur et le gouvernement.

Cette situation souligne l'impact croissant des attaques des milices sur les navires en mer Rouge, principale voie maritime entre l'Europe et l'Asie, qui ont perturbé le commerce mondial.

Elle démontre également le risque pour l'industrie australienne d'exportation d'animaux vivants, qui transporte chaque année des centaines de milliers d'animaux vers le Moyen-Orient.

Les associations d'éleveurs et d'exportateurs se veulent rassurants quant à la santé des animaux présent à bord du MV Bahijah, mais les défenseurs du bien-être animal se disent consternés par les températures au sein du navire avoisinant les 40 degrés Celsius.

Le calvaire que vivent les animaux montre que le commerce d'exportation d'animaux vivants est "pourri jusqu'à la moelle", a déclaré Josh Wilson, membre du parlement de Fremantle, d'où le navire a commencé son périple.

"Ce qui est proposé, c'est un voyage de 60 jours pour 14.000 moutons à bord d'un navire métallique brûlant et vraiment nauséabond", a-t-il déclaré à la chaîne 10 News.

"Il est très difficile d'imaginer que cela soit compatible avec les normes de bien-être animal que les Australiens s'attendent à voir appliquées à leurs animaux."

Le ministère de l'Agriculture a déclaré qu'il n'avait constaté aucune preuve de problèmes sanitaires importants concernant le bétail et qu'il travaillait avec l'exportateur et les organismes du secteur pour s'assurer que les normes de biosécurité et de bien-être animal soient respectées.

L'exportateur, la société israélienne Bassem Dabbah Ltd, a demandé l'autorisation de charger davantage de nourriture et de matériel vétérinaire et pouvoir mettre le cap vers Israël en contournant l'Afrique, a déclaré Geoff Pearson, responsable de l'élevage au sein de la fédération WA Farmers.

Reuters n'a pas pu contacter Bassem Dabbah. Le gestionnaire du navire, Korkyra Shipping, n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Canberra a déclaré que le navire avait demandé à décharger certains animaux avant de repartir avec ceux restants.

(Reportage Peter Hobson; version française Mathias de Rozario, édité par Blandine Hénault)