Zurich (awp) - La Bourse suisse creusait ses pertes jeudi à l'approche de la mi-journée, effaçant le rebond affiché la veille. Les investisseurs s'inquiétaient de la remontée des rendements obligataires et de la rechute du cours de la livre sterling au lendemain d'une intervention directe de la Banque d'Angleterre (BoE).

A l'image des autres places européennes, elles aussi en net repli jeudi matin, la Bourse suisse avait bénéficié la veille de l'initiative de la Banque d'Angleterre visant à limiter l'envolée du prix de la dette britannique, qui avait permis un net recul des taux longs britanniques et une baisse du dollar. La BoE a initié un programme de rachat de titres de dette publique britannique pour soutenir sa devise et stopper la chute des rendements des emprunts d'Etat qui avait été provoquée par le plan budgétaire du gouvernement, vertement critiqué par le FMI.

"Cette décision de la BoE s'oppose à ses objectifs de politique monétaire sur l'inflation. De plus, elle ne permet pas de résoudre le problème de crédibilité du gouvernement anglais sur sa politique budgétaire", estiment les experts d'Aurel BGC dans une note. Malgré les turbulences financières, la Première ministre britannique Liz Truss a défendu jeudi les baisses d'impôts massives "controversées et difficiles" prises par son gouvernement pour soutenir l'économie.

"Les préoccupations sur la soutenabilité de la dette publique souveraine s'ajoutent ainsi à une longue liste des facteurs d'incertitudes pour les marchés comme la guerre en Ukraine, et les prix de l'énergie élevés, le ralentissement de la croissance mondiale avec un risque de récession dans plusieurs zones (dont l'Europe et les Etats-Unis) ainsi que les pressions inflationnistes qui nécessitent davantage de resserrement monétaire (...)", énumère Natixis Research CIB dans une note.

Sur le front des données macroéconomiques, la hausse des prix liée à la crise énergétique devrait se poursuivre en Allemagne en 2023, atteignant 8,8% en valeur annuelle. Un taux qui devrait contribuer à l'entrée du pays en récession avec un recul du produit intérieur brut (PIB) de 0,4% l'an prochain, selon les prévisions des principaux instituts économiques. Ce jeudi, les investisseurs se pencheront encore sur la dernière estimation de la croissance du deuxième trimestre aux États-Unis.

Après avoir démarré sur un repli de 0,6%, le SMI a accentué ses pertes pour atteindre peu avant 10h00 un plus bas de la matinée à 10'052,20 points, ne parvenant pas par la suite à se reprendre. Peu avant 11h00, l'indice phare notait à 10'066,66 points, soit une chute de 1,51%. Le SLI faisait encore moins bien, dégringolant 1,87% à 1503,27 points, alors que l'indicateur élargi SPI abandonnait 1,53% à 12'897,73 points.

L'ensemble des trente valeurs constitutives du Swiss Leader Index (SLI) se retrouvait dans le rouge, la palme en la matière revenant à Credit Suisse (-5,3%). L'action du numéro deux bancaire helvétique se rapprochait ainsi un nouvelle fois du plus bas historique de 3,666 francs suisses atteint mercredi en cours de séance. La toujours volatile ams-Osram (-4,3%) précédait l'établissement zurichois et Straumann (-3,8%). Jefferies a abaissé l'objectif de cours du fabricant bâlois d'implants dentaires à 130 francs suisses, contre 147 francs suisses précédemment.

Du côté des trois poids lourds de la cote, Nestlé (-0,6%) jouait son rôle défensif, la nominative du numéro un mondial de l'alimentation subissant le plus faible repli parmi les valeurs du SLI. Novartis (-1,15%) résistait aussi mieux que la moyenne, alors que le bon du voisin et concurrent Roche (-1,9%) évoluait de concert avec l'indice de référence.

Sur le marché élargi, Talenthouse, dont l'avenir semble bien incertain, dégringolait de 58,7%. Alors que le spécialiste zougois des contenus numériques pourrait faire faillite à défaut de financement additionnel, ce dernier a essuyé une perte nette de 20,2 millions de dollars au premier semestre.

LM Group (-9,6%) était aussi en grande difficulté. La directrice générale (CEO) intérimaire Laura Amoretti est désormais visée par l'enquête portant sur la demande et la perception d'indemnités de chômage partiel en lien avec la pandémie de Covid-19. La responsable reste cependant à la tête l'agrégateur d'offres de voyage, le conseil d'administration lui ayant renouvelé sa confiance.

Après avoir sérieusement dévissé de plus de 11% en début de séance, Santhera se reprenait quelque peu (-4,0%) dévissait également après avoir inscrit sur les six premiers mois de l'année un chiffre d'affaires négatif de 5,9 millions de francs suisses, à comparer avec des revenus de 2,9 millions un an auparavant. Le phénomène est attribué à l'impasse actuelle des négociations tarifaires en France autour du Raxone, dans l'indication contre la neuropathie optique héréditaire de Leber (NOHL).

Wisekey (-0,3%) ne profitait guère de l'annonce de plusieurs contrats en Espagne, noués à l'occasion du Smart Agrifood Summit, qui s'est tenu à Malaga.

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