Zurich (awp) - Après avoir échoué de peu à clôturer dans le vert la veille, la Bourse suisse a entamé la séance de mercredi dans le rouge vif, et ce malgré la progression de Wall Street. Le marché continue d'être plombé par les craintes d'une récession, alors que le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, doit s'exprimer en soirée devant le Sénat.

Mardi, les principaux indices américains ont fini en vive hausse, dans le sillage d'un rebond technique après une baisse de plus de 28% pour le Nasdaq, 16% pour le Dow Jones et près de 21% pour le S&P 500 depuis le début de l'année. La progression a été alimentée par la très importante performance du secteur de l'énergie et un important mouvement de rachat de positions vendeuses, note John Plassard, de Mirabaud Banque.

Les investisseurs n'ont pas semblé fébriles à un jour de la présentation par le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, du rapport semestriel sur la politique monétaire au Sénat américain, une semaine seulement après que la banque centrale eut procédé à une nouvelle hausse des taux d'intérêt de 75 points de base dans le cadre de ses efforts pour maîtriser l'inflation. Le président va aussi répéter l'exercice jeudi devant la Chambre.

Les investisseurs n'ont pas non plus été perturbés le moins du monde par les nouvelles estimations économiques de certaines grandes banques. Nomura, deuxième deuxième banque à rejoindre Deutsche Bank en prévoyant une récession comme scénario de base, est devenue la première à anticiper le phénomène au cours du second semestre 2022.

Sur le front des données macroéconomiques, l'inflation a encore accéléré à 9,1% en mai sur douze mois au Royaume-Uni et reste à un record en 40 ans, tirée par les prix de l'alimentation et de l'essence. En Suisse, les chercheurs de l'institut de recherches conjoncturelles (KOF) de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (Epfz) ont abaissé leurs prévisions de croissance pour 2022 et 2023. Cette année, le PIB de la Suisse devrait croître de 2,8%, contre 3% attendu jusqu'alors et de 1,3% l'an prochain, contre 2% jusqu'alors.

Après une entame de séance en chute de 1,02%, le SMI évoluait latéralement dans les premiers échanges maintenant son repli vers 09h15 à 1,03% à 10'375 points. Le SLI lâchait de son côté 1,36% à 1595,77 points et l'indicateur élargi SPI de 1,02% à 13'372,68 points.

A l'exception notable du poids lourd Nestlé (+0,1%), l'ensemble des valeurs constitutives du SLI s'affichaient dans le rouge. En bas de tableau, VAT Group (-3,1%) héritait de la lanterne rouge, derrière la toujours volatile AMS-Osram (-2,9%) et Credit Suisse (-2,8%). Straumann (-2,6%), Temenos (-2,5%) et Julius Bär (-2,5%), tout comme ABB (-2,3%) et Holcim (-2,2%) étaient aussi bradés.

Le géant zougois du ciment a annoncé le rachat, pour un montant non dévoilé, de l'américain SES Foam, actif dans l'isolation thermique et dégageant un chiffre d'affaire de 200 millions de dollars.

Les deux autres plus grosses capitalisations du marché helvétique, Roche (-0,5%) et Novartis (-0,7%) résistaient un peu mieux que la moyenne.

Novartis a indiqué mercredi soir être prêt à défendre son brevet pour le médicament Gilenya (sclérose en plaque) avec tous les moyens à disposition. Le géant pharmaceutique bâlois se défendra "énergiquement" après la décision négative d'une cour d'appel américaine, envisageant notamment de soumettre la décision à l'ensemble des cours d'appel du circuit fédéral (CAFC). Le cas échéant, le procès durerait plusieurs mois, selon l'entreprise.

Le laboratoire a aussi fait part mercredi du feu vert de la Commission européenne pour une autorisation de commercialisation de son Tabrecta (capmatinib), dans l'indication contre une forme avancée de cancer du poumon non à petites cellules.

Sur le marché élargi, Clariant (-2,5%) a indiqué vouloir simplifier sa structure et réorganiser son activité en trois unités d'affaires, contre cinq jusqu'ici. Le secteur des catalyseurs sera regroupé avec l'activité biocarburants et dérivés en une seule division appelée "catalyseurs". Les minéraux et additifs fonctionnels deviendront l'unité "absorbants et additifs", et les spécialités industrielles et de consommation ainsi que les services pétroliers et miniers donneront naissance à la division "produits chimiques de soins".

L'équipementier d'entrepôts Interroll (-5,7%) s'est fendu d'un avertissement sur résultats pour la première moitié de l'exercice en cours. Plombée par des reports de projets, la firme de Sant'Antonino assure n'avoir à ce jour accusé que de rares désistements de clients, mais un tassement de son excédent d'exploitation en glissement séquentiel est attendu.

Klingelnberg (+1,3%) s'est comme attendu enfoncé dans le rouge durant l'exercice décalé 2021/22, clos fin mars. Alors que les ventes ont quasiment stagné, le fabricant de machines zurichois, a creusé sa perte nette à 21,7 millions d'euros, contre un débours de 7,3 millions douze mois plus tôt, conséquence des inondations qui ont touché un site de production en Allemagne durant l'été 2021. Mais le groupe s'est montré confiant pour la suite anticipant une vive hausse de ses ventes en 2022/23 et une marge Ebit supérieure à 6%.

Wisekey décollait de 15,1%, après avoir fait part des revenus en forte hausse au premier semestre, à tout le moins dans son unité des semi-conducteurs. L'optimisme est de mise également pour la suite.

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