* Le secteur en Europe en baisse de 15% depuis le début de l'année

* Les mesures de relance en Chine vont stimuler la demande

* Les spécialistes du cuivre préférés aux groupes diversifiés

par Samuel Indyk

LONDRES, 15 septembre (Reuters) - Le secteur des ressources de base en Europe attire de nouveau les investisseurs en Bourse qui y voient des opportunités après les mesures de relance économique décidées en Chine.

L'indice minier sur le Stoxx 600 paneuropéen a chuté de 15% cette année, ce qui en fait le secteur le moins performant de la région, derrière l'immobilier qui a perdu sur la même période seulement 4,5%, tandis que la distribution, meilleure performance sectorielle, a bondi de 27%.

Les métaux et les mines sont généralement recherchés en Europe pour bénéficier d'une exposition à la Chine, premier consommateur de matières premières au monde, mais ce secteur a sombré en même temps que les prévisions de croissance de la deuxième économie mondiale.

L'économie chinoise peine à redécoller après une brève accélération liée à la fin des restrictions sanitaires contre le COVID-19 l'hiver dernier. Le pays fait face à une énorme dette liée à des décennies d'investissements dans les infrastructures et à un ralentissement de l'immobilier, un marché clé pour son économie.

Selon une enquête Reuters auprès d'économistes, publiée cette semaine, le produit intérieur brut (PIB) de la Chine devrait enregistrer cette année une croissance de seulement 5%, la plus faible en dehors des années COVID, depuis 1990.

Pékin a cependant pris ces dernières semaines des mesures ciblées pour soutenir les secteurs clés de son économie, ce qui a permis à l'indice minier de sortir d'un creux de 31 mois. Au cours du dernier mois, cet indice a progressé de près de 10%, contre un gain de seulement 2,5% pour le Stoxx 600.

"La Chine est en train de construire un mur de relance, mais elle le fait brique par brique", a déclaré Nathan Sweeney, directeur des investissements chez Marlborough Investment Management.

"A un moment donné, les gens se rendront compte qu'ils ont construit le mur, mais cela ne s'est pas fait d'un seul coup", a-t-il dit.

DÉCOTE DE PLUS DE 20%

Au cours des trois derniers mois, la Chine a assoupli les règles relatives à l'achat de logements et aux emprunts dans le secteur. De nouvelles mesures d'allègement fiscal ont également été prises en faveur des petites entreprises et de l'investissement privé dans certains secteurs d'infrastructures.

Selon Nathan Sweeney, cette série de mesures pourrait servir de catalyseur à une reprise dans le secteur des métaux et de l'exploitation minière.

L'indice des ressources de base se négocie avec une décote de plus de 20% par rapport au Stoxx 600. Selon LSEG Datastream, le ratio cours/bénéfice à 12 mois des valeurs minières est de 9,8, contre 12,3 pour le reste du marché.

Certains poids lourds du secteur comme Glencore et Boliden ont chuté de plus de 20% depuis le début de l'année, tandis qu'Anglo American a plongé de 30%, contre un gain de 7,5% pour le Stoxx 600.

Le cuivre et le minerai de fer ont davantage résisté à la tendance baissière. Le cuivre à trois mois sur le London Metal Exchange est ainsi stable depuis le début de l'année, à 8.380 dollars la tonne, tandis que les contrats à terme à Singapour sur le minerai de fer à trois mois sont en hausse de près de 9%.

Au regard du poids de la Chine dans le secteur des matières premières - Morningstar estimant que le pays représente plus de 50% de la demande de cuivre raffiné et environ 70% du commerce maritime de minerai de fer - une partie de cette résilience devrait finir par s'instiller dans les valeurs minières, prédisent les analystes.

"De toute évidence, le poids lourd en matière de demande dans les métaux primaires est la Chine", souligne Peter Mallin-Jones, analyste dans le secteur minier à la banque d'investissement britannique Peel Hunt.

"Je suis assez positif car je constate sur les métaux de base des signes assez importants d'une demande dans des marchés qui relativement tendus", a-t-il dit.

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

Selon Peter Mallin-Jones, la transition énergétique dans le monde, sur fond de décarbonation des économies, pourrait entraîner une augmentation considérable de la demande de la part de pays en pleine croissance comme l'Inde, l'Indonésie, la Malaisie et le Nigeria.

Le cuivre est l'épine dorsale des secteurs de l'électrique et de l'électronique et il est essentiel à la modernisation des réseaux électriques, à la construction de parcs photovoltaïques et éoliens, ainsi qu'à la production des véhicules électriques.

Les Etats-Unis et la Chine devraient augmenter leur capacité de production dans le solaire à un niveau record cette année, de 32 gigawatts (GW) supplémentaires pour le premier et de 95 à 120 GW pour le second.

"Il s'agit d'un chiffre énorme qui soutient considérablement la demande de cuivre et, dans une certaine mesure, la demande d'aluminium", a souligné Daniel Major, analyste chez UBS spécialisé dans les métaux et les mines.

Daniel Major ne pense pas toutefois que les mesures de relance en Chine conduiront à une explosion de la demande de matières premières comme celle observée après 2008, à la sortie de la crise financière mondiale.

L'analyste d'UBS a en conséquence une recommandation à "vendre" sur les sociétés minières diversifiées Rio Tinto et BHP Group, préférant les groupes ayant une exposition plus directe au cuivre.

Antofagasta, le plus grand groupe minier sur le cuivre en Europe en termes de capitalisation boursière, le polonais KGHM et l'allemand Aurubis ont tous baissé de moins de 12% cette année et ont relativement surperformé les groupes miniers diversifiés comme Glencore, Rio Tinto et Anglo American, qui ont chuté de 14% à 35%.

"La réalité est que le secteur est maintenant attractif et que beaucoup de mauvaises nouvelles sont dans les cours", a déclaré pour sa part Nathan Sweeney de Marlborough Investment Management.

(Reportage Samuel Indyk, version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)