Paris (awp/afp) - Les marchés financiers mondiaux reculent mercredi, les investisseurs plus prudents attendant de disposer de plus d'éléments pour anticiper l'évolution des politiques monétaires.

En Europe, les marchés ont clôturé en forte baisse, à l'issue de leur plus mauvaise séance depuis septembre pour la Bourse de Paris et octobre pour celle de Francfort. Paris a reculé de 1,58%, Milan de 1,41%, Francfort de 1,38%. Le jour de son 40e anniversaire, l'indice FTSE 100 de Londres a cédé 0,51%. A Zurich, le SMI a gagné 0,29%, soutenu par ses poids lourds Nestlé, Novartis et Roche.

Wall Street a ouvert en repli, encore essoufflée par neuf semaines de gains consécutives. Vers 17H30 GMT, le Dow Jones reculait de 0,62%, le S&P 500 de 0,63% et le Nasdaq de 0,89%.

"L'incertitude prévaut sur les actions européennes après une première séance de l'année qui a donné une image peu claire de l'appétit des investisseurs pour les actifs plus risqués", une attitude qui "s'étend" mercredi, estime Pierre Veyret, analyste d'ActivTrades.

Pour Christopher Dembik, conseiller en stratégie chez Pictet AM, la tendance est à la "prise de bénéfices" après une forte hausse des marchés en fin d'année 2023, et les risques géopolitiques, notamment en mer Rouge, constituent la "bonne excuse" pour le faire.

Seul l'indice suisse SMI, connu pour ses entreprises de secteurs défensifs aux yeux des investisseurs, a progressé de 0,29%.

Du côté des indicateurs macroéconomiques, les données de la fédération professionnelle ISM ont montré mercredi que l'activité manufacturière aux Etats-Unis s'est encore contractée en décembre, mais un peu moins qu'en novembre et que ce à quoi s'attendaient les analystes.

Les opérateurs prêteront aussi attention au compte-rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed), qui sera publié à 20H00 GMT.

Les investisseurs tablent sur six baisses de taux en 2024, un scénario qui nécessiterait, pour se réaliser, que la conjoncture économique "se dégrade rapidement", estime Karl Haeling, de LBBW.

Or, pour l'heure les données macroéconomiques témoignent d'un ralentissement graduel de l'économie américaine.

Sur le marché obligataire, l'incertitude règne en conséquence. Après de fortes baisses en fin d'année les taux d'intérêt repartent à la hausse depuis une semaine.

Le taux d'intérêt de l'emprunt à 10 ans américain a regagné des niveaux plus vus depuis mi-décembre. Il s'établissait à 17H00 GMT à 3,95%, contre 3,93% mardi.

Christopher Dembik, conseiller en stratégie chez Pictet AM, note "plusieurs signaux de résilience de l'économie américaine ces dernières semaines, qui font que vraisemblablement la Fed a un peu moins raison de baisser les taux d'intérêt directeurs que la zone euro".

Valeurs refuges ___

Les entreprises profitant de la prudence des investisseurs sont les entreprises perçues comme défensives, dont l'activité dépend moins du cycle économique.

C'est le cas dans la santé, avec Novartis (+4,43%), GSK (+2,74%), Sanofi (+1,20%), Eli Lilly (+3,35%), dans l'agroalimentaire avec Nestlé (+1,84%), Unilever (+0,75%), Danone (+1,66%), Ahold Delhaize (+1,62%), Coca Cola (+0,24%) ou encore les télécommunications avec Deutsche Telecom (+1,46%), Orange (+1,22%) ou Telefonica (+0,36%).

Au contraire, le secteur des technologies apparaît comme victime de l'aversion au risque et du rebond des taux d'intérêt. Ont reculé Capgemini (-1,56%), ASML (-2,85%), Infineon (-3,82%), Apple (-1,10%), Nvidia (-0,88%).

Hausse des tarifs des transporteurs maritimes ___

Le transporteur maritime français CMA CGM, non coté, a annoncé le quasi doublement de ses taux de fret à partir du 15 janvier pour les échanges entre l'Asie et la Méditerranée face à la menace des attaques Houthis contre des navires marchands en Mer Rouge.

Son concurrent Danois Maersk a bondi de 5,11% et l'Allemand Hapag-Lloyd de 5,02%.

Bitcoin en chute, pétrole en hausse ___

Les prix du pétrole rebondissent après la fermeture d'un important champ pétrolier en Libye en raison de manifestations, sur fond d'inquiétudes à propos des tensions en mer Rouge et de leurs conséquences potentielles sur l'approvisionnement d'or noir.

Le baril de Brent valait 77,92 dollars (+2,67%) et celui de WTI américain 72,42 dollars (+2,89%) vers 17H05 GMT.

L'euro cédait 0,31% face au dollar à 1,0908 dollar pour 1 dollar.

Le bitcoin chutait de 4,84% à 42.940 dollars, effaçant une bonne partie de ses gains de la semaine.

afp/rp