Zurich (awp) - Quinze banques de détail analysées par le WWF ont réalisé certains progrès en termes de durabilité depuis la dernière notation d'il y a quatre ans. L'ONG pointe cependant des retards en matière de placements et de transparence, alors que la Finma vient d'édicter ses exigences en matière de risques climatiques.

En collaboration avec le cabinet d'audit PwC Suisse, l'ONG a analysé les domaines de l'épargne, du placement, de la prévoyance, des crédits et des financements, ainsi que la gouvernance des quinze plus grandes banques de détail suisses, selon leur somme de bilan à la clôture de l'exercice 2019.

Les bonnes élèves sont la Banque cantonale de Bâle (BKB) ainsi que son homologue de Bâle-Campagne (BLKB), la Banque cantonale bernoise (BCBE), Credit Suisse (Suisse), le groupe Raiffeisen, UBS Suisse et la Banque cantonale de Zurich (ZKB). La durabilité fait partie intégrante de leur stratégie d'entreprise, mais affiche des lacunes, résume le rapport.

Viennent ensuite les établissements qualifiés d'ordinaires: la Banque cantonale vaudoise (BCV), celle des Grisons (GKB), la Banque Migros, Postfinance, la Banque cantonale de Saint-Gall (SGKB) et Valiant, qui offrent certains produits financiers durables à leurs clients, mais n'en font pas la promotion active.

En queue de peloton, les banques cantonales d'Argovie (AKB) et de Lucerne (LUKB) sont jugées retardataires, se focalisant peu sur les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) et disposant d'une politique commerciale strictement axée sur des facteurs financiers. Leur situation s'est même détériorée par rapport au précédent rapport.

Peut mieux faire

Aucune n'est qualifiée de visionnaire, voulant guider ses flux financiers vers des activités durables et sans impact climatique, ou de pionnière, en considérant les objectifs écologiques et sociaux comme importants, au même titre que les objectifs économiques. Cela avait déjà été le cas en 2016/2017.

A l'exception de trois banques de détail, tous les établissements disposent de directives de placement liées à la durabilité qui, dans de nombreux cas, s'appliquent aux produits de placement décrits comme "durables", mais également aux produits standard. Cela représente une amélioration du secteur par rapport à la notation précédente.

Presque tous les instituts offrent désormais des prêts hypothécaires écologiques assortis de conditions avantageuses pour la construction respectueuse de l'environnement. Les banques cantonales de Bâle et de Zurich sont les seuls établissements à offrir à leurs clients particuliers une certaine transparence sur les produits de gestion de fortune. Mais cette dernière se concentre encore surtout sur la gamme de produits durables.

De plus, comme il y a quatre ans, l'opacité généralisée concernant le calcul de l'impact environnemental des fonds de placement et de prévoyance sous gestion "vient surtout du fait que les banques ont du mal à répartir les titres détenus entre les secteurs et sous-secteurs pertinents en matière d'environnement", car la plupart des entreprises ne publient toujours pas ces données.

"Il est crucial d'offrir des produits et services durables notamment pour le financement de logements ou l'octroi de crédits aux entreprises", écrit le directeur général de WWF Suisse, Thomas Vellacott, lui-même passé par Citibank dans les années 1990. Il est aussi essentiel que les banques mesurent et divulguent systématiquement l'impact sur la durabilité de leurs produits et services pour ne pas être accusées "d'écoblanchiment" ("greenwashing").

Enfin, l'ONG note que le potentiel de promotion des placements durables auprès des clients, par exemple sur la plateforme d'accès en ligne à la banque, est encore sous-exploité.

Au 1er juillet, les grandes banques et certains assureurs devront dévoiler leurs principaux risques financiers liés au climat ainsi que l'influence de ces risques sur leur stratégie commerciale, leur modèle d'affaires et leur planification financière, a fait savoir lundi l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma).

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