Paris (awp/afp) - Le secteur de la réassurance mondiale devrait bénéficier de hausses ciblées des tarifs, conséquences de la multiplication des catastrophes climatiques en 2017 et 2018, lui permettant d'améliorer sa rentabilité rognée par les taux bas et une concurrence accrue.

A l'heure où les réassureurs se préparent à leur grand-messe - qui s'ouvrira dès dimanche à Monte-Carlo et où ils initieront les discussions avec leurs clients assureurs - les perspectives pour le secteur demeurent stables, selon les prévisions annuelles publiées par les principales agences de notation.

"Même si elle a légèrement diminué, la solvabilité dans son ensemble reste robuste, les techniques et pratiques de gestion des risques continuent de se situer à des niveaux très élevés, et enfin il règne une certaine discipline dans le domaine de la souscription, donc les réassureurs ne font pas n'importe quoi quand ils acceptent des affaires", a synthétisé lors d'une conférence de presse mardi Marc-Philippe Juilliard, directeur chez S&P Global Ratings.

Point positif pour les réassureurs, le recul global des tarifs, particulièrement significatif depuis 2013, s'est arrêté depuis 2018, préfigurant une légère remontée des prix.

Néanmoins, on ne constate "pas d'évolution tarifaire tendancielle qui impacterait l'ensemble des lignes dans l'ensemble des pays", nuance M. Juilliard. Désormais, la tendance est à la fragmentation tarifaire.

"Quand des régions, des lignes d'activité, des polices ont été affectées par des événements, le prix l'année suivante a tendance à s'envoler", d'autant qu'il devient "de plus en plus difficile d'expliquer" à des assureurs qui n'auraient pas subi d'événements majeurs de "participer à une mutualisation plus globale", développe l'expert.

A l'origine de ces hausses tarifaires, l'impact sans précédent pour le secteur du coût des catastrophes naturelles, qui avait atteint un record de 350 milliards de dollars en 2017 puis de 160 milliards en 2018, selon une étude publiée en janvier par le géant allemand de la réassurance Munich Re.

Si cette hausse des tarifs réduit la pression sur la rentabilité du secteur, celle-ci "reste vulnérable", souligne dans une note Moody's Investor Service.

"Les réassureurs ne dégagent toutefois pas la rentabilité suffisante pour leur permettre d'absorber les pertes en cas de sinistralité liée aux catastrophes naturelles supérieure à la moyenne", estime l'agence de notation.

Côté S&P Global Ratings, même si l'on constate des progrès tarifaires et une moindre concurrence des capitaux dits alternatifs, qui permettent de s'assurer contre les risques via des titres émis sur les marchés, "les progrès méritent d'être confirmés" car en 2018, comme en 2017, "la rentabilité du secteur de la réassurance n'atteint pas le niveau d'exigence fixé par les investisseurs".

afp/rp