(Actualisation: réaction de marché, commentaire d'analystes, déclaration du président exécutif sur l'A400M, la famille A320, le Brexit et la restructuration de la division Défense et Espace )

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le groupe européen d'aéronautique et de défense Airbus a annoncé jeudi vouloir livrer 880 avions en 2020, après avoir accusé une perte nette au titre de 2019, en raison de charges exceptionnelles, notamment liées aux pénalités pour solder les enquêtes sur des soupçons de corruption dans plusieurs pays.

"Nos bénéfices reportés reflètent les accords finaux conclus avec les autorités pour clore les enquêtes de 'compliance', ainsi qu'une charge liée à la révision de nos prévisions de contrats d"export pour l'A400M", a déclaré Guillaume Faury, le président exécutif d'Airbus, cité dans un communiqué.

Les résultats d'Airbus sont accueillis tièdement par le marché. Vers 12h00, le titre Airbus perd 0,9% à 135,12 euros. JPMorgan Cazenove souligne que l'objectif de 880 avions livrés en 2020 s'avère inférieur aux attentes des analystes qui tablaient sur 900 appareils. Oddo BHF juge "mitigée" la publication de l'avionneur" avec des objectifs 2020 "un peu en deça des attentes".

En 2020, Airbus prévoit, sur la base de 880 avions livrés, d'atteindre un résultat opérationnel ajusté d'environ 7,5 milliards d'euros. Airbus table également sur un flux de trésorerie disponible avant fusions et acquisitions et financements-clients d'environ 4 milliards d'euros. Ce chiffre s'entend également avant le paiement des 3,6 milliards d'euros de pénalités liés aux accords passés avec avec les autorités françaises, britanniques et américaines pour éviter des poursuites pour corruption, ainsi que l'impact négatif de plusieurs centaines de millions d'euros liés à des mises en conformité "consécutivement aux différends fiscaux et juridiques".

Le groupe a précisé que ces prévisions étaient basées sur "l'absence de perturbation majeure" y compris résultant du coronavirus.

Les prévisions d'exportations de l'A400M revues à la baisse

Sur l'ensemble de 2019, Airbus a accusé une perte nette de 1,36 milliard d'euros, contre un bénéfice net de 3,05 milliards d'euros en 2018.

Le résultat opérationnel (EBIT) consolidé du groupe s'est établi à 1,34 milliard d'euros en 2019, contre 5,04 milliards d'euros en 2018. Cet indicateur financier a été pénalisé par des éléments exceptionnels qui ont pesé à hauteur de 5,6 milliards d'euros au total. Ces éléments comprennent notamment les 3,6 milliards d'euros de pénalités liées aux accords qu'Airbus a signés avec les autorités françaises, américaines et britanniques.

Un impact négatif de 1,2 milliard d'euros lié à son avion de transport militaire A400M a également affecté cet indicateur. "Les ambitions d'exportation s'avèrent de plus en plus difficiles à atteindre pour la phase contractuelle initiale, et ce, d'autant plus en raison de la prolongation répétée de l'interdiction d'exportation de l'Allemagne vers l'Arabie saoudite", a expliqué Airbus. Le groupe européen a en conséquence été contraint de revoir ses prévisions d'exportations d'A400M et de passer une nouvelle charge au quatrième trimestre.

Toutefois, Airbus a significativement réduit les risques sur ce programme. Guillaume Faury a expliqué lors d'une conférence avec des analystes que l'A400M devrait encore peser sur la trésorerie de l'avionneur à hauteur de 2 milliards d'euros, au total, d'ici à la mi-2020. Une somme relativement modeste, alors que le coût total du programme dépasse désormais 34 milliards d'euros.

Mesure clef de la rentabilité du groupe, le résultat opérationnel (EBIT) ajusté - un indicateur de rentabilité sous-jacente excluant les charges ou bénéfices induits par les variations des provisions pour les programmes - s'est établi à 6,95 milliards d'euros, contre 5,8 milliards d'euros en 2018. Le chiffre d'affaires du groupe s'est établi à 70,5 milliards d'euros l'année dernière, en hausse de 11%.

Le flux de trésorerie avant acquisitions et financements clients s'est établi à 3,51 milliards d'euros, contre 2,9 milliards d'euros en 2018.

Selon FactSet, les analystes tablaient en moyenne sur un chiffre d'affaires de 70,2 milliards d'euros, un EBIT ajusté de 6,8 milliard d'euros et un résultat net de 4,7 milliard d'euros.

Vers une nouvelle hausse de production de la famille A320

La division d'aéronautique commerciale d'Airbus, qui représente plus des trois quarts de ses revenus, a réalisé un chiffre d'affaires de 54,77 milliards d'euros en 2019, en progression de 14% sur un an. Le groupe avait indiqué le mois dernier avoir enregistré l'an passé 768 commandes nettes et livré 863 avions commerciaux , un record qui lui a permis de devenir le premier avionneur mondial. Son éternel rival Boeing, empêtré dans la crise du 737 Max, n'a livré sur la même période que 380 avions commerciaux, contre 806 en 2018.

Concernant la famille A320, son best-seller, Airbus a indiqué étudier la possibilité d'augmenter la cadence de production au-delà des 63 unités mensuelles prévues pour 2021. Le groupe "anticipe déjà des conditions favorables pour continuer d'accroître la cadence de production mensuelle de un ou deux pendant chacune des deux années suivant 2021", a-t-il indiqué. Airbus devrait ainsi arriver à produire 65 à 67 appareils par mois d'ici à 2023.

Le président exécutif d'Airbus a par ailleurs expliqué qu'Airbus accusait actuellement des retards de production sur la famille A320, "d'environ six mois", retard que le groupe compte résorber "d'ici à 18 mois".

Au sujet de son gros porteur A350, Airbus a souligné avoir atteint le seuil de rentabilité en 2019. Le groupe européen a également indiqué tabler sur une baisse des livraisons d'avions de la famille A330, à 40 par an à partir de 2020, après 53 en 2019, invoquant "la demande mondiale de gros porteurs".

Dans sa division Espace et Défense, Guillaume Faury a rappelé qu'Airbus lancerait cette année un programme de restructuration pour améliorer ses coûts. Airbus compte parvenir à une rentablité de 10% dans cette division, contre environ 5% en 2019, en données ajustées.

Hausse du dividende

Le conseil d'administration proposera lors de la prochaine assemblée générale le versement d'un dividende de 1,8 euro par action au titre de l'exercice écoulé, contre 1,65 euro pour 2018.

Airbus a par ailleurs annoncé avoir, aux côtés du gouvernement du Québec, repris la participation de Bombardier dans la société gérant le programme A220. Airbus détient désormais 75% de cette entreprise et le Québec 25%. Airbus versera dans ce cadre une contrepartie de 591 millions de dollars américains à Bombardier.

Guillaume Faury a par ailleurs déclaré que le Brexit constituait "un risque moins important pour Airbus" car le groupe s'est préparé à trois reprises, en 2019, à une sortie sans accord de l'Union européenne par le Royaume-Uni.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV - ECH

COMMUNIQUES FINANCIERS D'AIRBUS :

http://www.airbusgroup.com/int/en/news-media/press-release-search.html

Agefi-Dow Jones The financial newswire