Paris (awp/afp) - Le géant mondial de l'acier ArcelorMittal a finalisé la vente d'actifs européens au britannique Liberty House, pour 740 millions d'euros, dans le cadre du plan de cessions proposé à la Commission européenne après le rachat du sidérurgiste italien Ilva.

Cette transaction est la plus importante réalisée par GFG Alliance, le groupe du magnat indo-britannique Sanjeev Gupta, dont fait partie Liberty House.

La transaction concerne les sites d'ArcelorMittal à Galati (Roumanie), Ostrava (République Tchèque), Skopje (Macédoine), Piombino (Italie), Dudelange (Luxembourg), ainsi que des lignes de finition à Liège (Belgique), a indiqué lundi ArcelorMittal.

Le groupe a déjà reçu au 28 juin 610 millions d'euros de produit de ces cessions. Il va devoir déposer 110 millions d'euros sous séquestre afin de permettre à l'acquéreur de financer certains projets dans le cadre de la procédure d'approbation de l'opération par l'UE.

ArcelorMittal avait annoncé le 17 avril le feu vert de la Commission européenne à son plan de cessions d'actifs au groupe Liberty House, proposé pour répondre aux préoccupations de concurrence de l'exécutif européen.

De con côté, Liberty House a précisé que les sites qu'il reprend -incluant des centres de services en France et en Italie- emploient plus de 14.000 collaborateurs.

Pollution d'Ilva

Cette opération place Liberty Steel parmi les 10 premiers producteurs d'acier dans le monde, à l'exception de la Chine, avec une capacité totale de plus de 18 millions de tonnes dans une large gamme de produits, a souligné le groupe britannique.

Liberty Steel prévoit d'augmenter les ventes sur les sites rachetés d'environ 50% sur les trois prochaines années.

Sanjeev Gupta a salué "une étape importante" dans le parcours de GFG. "Ces activités constitueront un élément clé de notre stratégie mondiale pour l'acier", a-t-il commenté.

Les usines acquises approvisionnent de nombreux secteurs industriels: produits de construction et d'infrastructures, automobile, aérospatiale, énergie, équipements industriels, biens de consommation notamment.

La finalisation de l'achat ouvre une période d'audit de 100 jours, durant laquelle le groupe va mener une analyse exhaustive des activités pour explorer les possibilités d'investissements, préparer des projets de compétitivité, développer la gamme de produits, et soutenir la croissance des ventes.

ArcelorMittal a acquis Ilva pour 1,8 milliard d'euros à la fin 2018, à la tête d'un consortium composé également de la Caisse italienne des dépôts (CDP) et de la banque Intesa Sanpaolo.

Lourdement endettée et au bord de l'asphyxie financière, Ilva, qui s'est spécialisée dans la production d'acier plat au carbone, avait été placée sous tutelle par l'État italien en 2015 avant d'être nationalisée puis mise en vente début 2016.

Le site d'Ilva, à Tarente (Pouilles, sud), est parmi les plus pollués d'Europe. Il se trouve au coeur d'un énorme procès en Italie, les experts cités par le parquet italien évoquant jusqu'à 11.550 morts en sept ans causées par ses émissions polluantes.

En reprenant l'aciérie, ArcelorMittal s'est engagé à injecter 2,4 milliards d'euros sur cinq ans, dont 1,15 milliard d'euros pour accélérer la dépollution.

Mais le groupe s'est inquiété le 19 juin de la possible adoption d'un décret en Italie supprimant l'immunité pénale pour les gestionnaires d'Ilva en matière d'environnement, qui existait au moment du rachat du site.

Le décret Crescita (croissance) a été adopté le 27 juin et prévoit la fin de "l'immunité pénale et administrative" le 6 septembre prochain.

"L'entrée en vigueur du décret croissance ne permettra à aucune entreprise de gérer le site au-delà du 6 septembre", a réagi le groupe, qui a indiqué être "ouvert au dialogue avec le gouvernement".

Le ministre italien du Développement économique Luigi Di Maio a indiqué qu'il rencontrerait le 4 juillet la direction d'ArcelorMittal pour tenter de trouver une solution.

A la Bourse de Paris, vers 13h38, l'action ArcelorMittal gagnait 2,38% à 16,11 euros dans un marché en hausse de 0,82%.

afp/rp