Genève (awp) - Bobst a subi de forts reculs au niveau des performances du premier semestre. Comme annoncé lors d'un récent avertissement sur résultats, le constructeur vaudois de machines d'emballages et d'impression a souffert d'une demande en nette baisse et a dû rogner les marges pour garder ses parts de marché, surtout en Chine.

"Les incertitudes sont générales, avec un recul des activités sur tous les marchés sauf en Amérique du Nord. J'entrevois plus de nuages que de ciel bleu à l'horizon", a déclaré mercredi le directeur général Jean-Pascal Bobst. La Chine a connu sa plus mauvaise évolution au 2e trimestre depuis des décennies.

Les chiffres publiés font état d'un bénéfice net de 7,4 millions de francs suisses, contre 24,9 millions douze mois plus tôt, tandis que le résultat opérationnel (Ebit) tombe de 35,2 millions à 14,8 millions. Le chiffre d'affaires est en recul de 3,4% à 736,8 millions.

Ces indications sont conformes à l'avertissement sur résultats de vendredi dernier, qui avait fait plonger le cours du titre de plus de 8%. Les trois unités d'affaires ont subi une baisse de leur profitabilité.

Les entrées de commandes ont reculé de 15%, pour un carnet de commandes en baisse de 9%. Interrogé par AWP, M. Bobst a indiqué n'avoir "aucun indice" sur le moment où la demande va reprendre. En tout cas, aucun changement n'est à prévoir pour les deux à trois prochains mois.

Les prévisions pour l'ensemble de l'année sont corrigées à la baisse, comme déjà indiqué. Bobst table sur une marge opérationnelle inférieure à 5%, contre 6 à 7% lors des précédentes estimations. Les incertitudes géopolitiques et commerciales pèsent. Les ventes 2019 sont annoncées au niveau de 2018, soit autour de 1,6 milliard de francs suisses.

Outre la pression sur les prix, des effets de change négatifs de 10,7 millions de francs suisses ont impacté le groupe. Mais les investissements dans la numérisation se poursuivent. Ils se montent depuis 2016 à environ 40 millions de francs suisses par an.

En revanche, l'augmentation de personnel (à hauteur de 400 collaborateurs sur 2-3 ans) annoncée l'an dernier est pour l'instant interrompue. "Les embauches avaient bien commencé, mais nous les avons interrompues début 2019", a précisé le patron. Bobst occupe plus de 5400 personnes.

Le groupe est confronté à une complexité croissante eu égard aux changements de réglementations incessantes et rapides notamment en Chine. M. Bobst s'attend à ce que certains objectifs annoncés par les Etats en termes de "durabilité" des emballages, avec l'interdiction de certains matériaux, ne soient pas atteints. Les nouvelles exigences sont à la fois une opportunité et une source d'incertitudes.

Ventes à venir

Bobst annonce par ailleurs examiner la cession de biens fonciers et d'immeubles en France et aux Etats-Unis. Le site de Villeurbanne, près de Lyon, est mis en vente. En revanche, une extension et une modernisation sont prévues à Bron. En Amérique du Nord, les cessions envisagées concernent des terrains hors surfaces d'exploitation.

Ces cessions devraient se répercuter favorablement sur l'Ebit à hauteur de 30 et 35 millions de francs suisses et de 20 à 25 millions pour le résultat net.

Les objectifs financiers à long terme d'une marge d'exploitation (Ebit) de 8% au moins et d'un rendement des capitaux (ROCE) de 20% sont préservés.

L'action a encore été malmenée à la Bourse suisse, avec une chute de 4,7% à 52,25 francs suisses vers 13h, dans un SPI en baisse de 0,4%.

L'analyste de la banque Vontobel s'est dit préoccupé de voir Bobst confronté à une pression sur les prix "d'ordre structurel", et non seulement à court terme. En outre, "de nouveaux venus sur le marché rendent la compétition plus féroce".

Credit Suisse se montre aussi plutôt morose et déçu dans ses appréciations, tout en relevant la solidité du bilan.

op/al