Le vote obtenu lors de cette assemblée générale extraordinaire constitue un nouveau coup dur pour Vivendi, qui est opposé au projet de holding aux Pays-Bas du groupe italien.

Vivendi, qui a pour premier actionnaire Vincent Bolloré, estime que la nouvelle structure de gouvernance de Mediaset renforce l'emprise de Fininvest, la holding de la famille Berlusconi, premier actionnaire du diffuseur italien avec 45,8% du capital.

Simon Fiduciaria, le trust contrôlant deux tiers de la participation de Vivendi dans Mediaset, n'a pu prendre part au vote sur une réorganisation de la gouvernance du diffuseur italien.

Vivendi contrôle 29% de Mediaset, dont près de 10% directement et le solde via Simon Fiduciaria.

"Cette résolution a été adoptée grâce au vote décisif de Fininvest, un vote pris à l'encontre de tous les droits fondamentaux des actionnaires minoritaires, et grâce à l'interdiction illégale faite à Simon Fiduciaria de voter", déclare Vivendi dans un communiqué.

"Cette interdiction a été décidée par le conseil d'administration de Mediaset, en s'appuyant sur une interprétation du droit italien des médias contraire au traité de l'Union européenne", poursuit le groupe français, ajoutant qu'à travers ses multiples décisions illégales, Mediaset a placé la société dans une situation préjudiciable de grave incertitude juridique.

"Vivendi utilisera tous les recours juridiques possibles dans tous les pays et toutes les juridictions concernés pour contester la légalité du projet de nouvelle entité", a-t-il averti.

VIVENDI A ENCORE UN ATOUT

Dans la foulée du vote, le groupe français a annoncé avoir constitué une participation de 1% dans la filiale espagnole de Mediaset.

"Je peux confirmer que Vivendi a acheté un peu plus de 1% de Mediaset España, soit environ 3,3 millions d'actions", a déclaré le porte-parole de Vivendi, sans fournir davantage de précisions sur l'opération, confirmant une information rapportée un peu plus tôt par deux sources au fait du dossier.

Avec la nouvelle holding baptisée MediaforEurope (MFE), Mediaset espère pouvoir nouer des alliances avec d'autres diffuseurs européens face à la concurrence de Netflix ou d'Amazon Prime Video.

Si la justice italienne a par le passé empêché le trust Simon Fiduciaria de voter aux AG de Mediaset, un tribunal milanais a en revanche autorisé Vivendi à le faire. Les droits de vote directs de 9,99% du groupe français ne peuvent toutefois pas suffire à bloquer le projet de Mediaset.

Vivendi a toujours un atout dans sa manche pour empêcher la création de la holding néerlandaise. Si le groupe français décide d'exercer son droit de retrait et de vendre sa part directe de 9,99%, Mediaset devra lui verser environ 310 millions d'euros, une somme supérieure au plafond de 180 millions d'euros que le groupe italien s'est lui-même fixé. Ce plafond correspond au montant maximal que Mediaset est prêt à verser aux actionnaires choisissant de se retirer.

L'arme est à double tranchant pour Vivendi. S'il sort de Mediaset, le groupe français subirait une moins-value d'environ 320 millions d'euros sur l'ensemble de sa participation.

Une bataille juridique pourrait constituer une voie intermédiaire pour Vincent Bolloré, qui cherche lui-même à constituer un géant des médias dans le sud de l'Europe. Cela permettrait au groupe de conserver sa participation dans Mediaset en espérant que les tribunaux lui donneront un jour raison.

(Avec Bertrand Boucey, Mathieu Rosemain et Claude Chendjou à Paris, édité par Gwénaëlle Barzic et Benoît Van Overstraeten)

par Elvira Pollina