Washington (awp/afp) - L'ensemble des 18 grandes banques américaines ont réussi les tests de résistance de la Fed mais Crédit Suisse n'a reçu qu'un feu vert conditionnel à son plan de distribution de capitaux, a annoncé le régulateur bancaire jeudi.

La Fed "n'a pas d'objection" aux versements de dividendes ou plans de rachats d'actions des 18 banques, mais demande à Crédit Suisse Holding USA "de remédier à des points faibles limités".

Crédit Suisse va donc devoir modifier "son processus de distribution de capital", ce qui est un "progrès" par rapport à l'an passé, dit la Fed.

En 2018, Deutsche Bank avait échoué aux tests et trois autres banques avaient obtenu un feu vert sous condition: Goldman Sachs, Morgan Stanley et State Street Corporation.

Cette année si Deutsche Bank aux Etats-Unis a fait des progrès, ce qui s'est traduit par un feu vert pour son holding américain, elle a encore beaucoup à faire, a insisté un haut responsable de la Fed.

DB: "peut mieux faire"

Sous couvert d'anonymat, il est apparu visiblement loin d'être satisfait des conditions des fonds propres de la banque allemande.

L'année dernière Deutsche Bank USA avait reçu un carton rouge, après avoir déjà été épinglée en 2015 et 2016.

La Fed avait déterminé en 2018 que les activités de DB USA (sur les Etats-Unis seuls) montraient "des faiblesses matérielles" dans la planification de sa distribution de capitaux ainsi que dans "son approche et ses hypothèses de revenus et de pertes en cas de crise".

Cette année, deux banques américaines ont par ailleurs modifié en cours de route leurs plans de distribution de capitaux pour obtenir un satisfecit. Il s'agit de JPMorgan et Capital One.

Pour Crédit Suisse, la Fed a donné jusqu'au 27 octobre au holding de la banque helvétique pour corriger ses faiblesses. Dans l'attente, elle peut distribuer les mêmes dividendes que l'année dernière et dès rectification, pourra augmenter cette distribution selon ses plans.

"Ces tests de résistance ont confirmé que les plus grandes banques sont à la fois bien capitalisées et ont fait une priorité de présenter des pratiques solides de distributions de liquidités", a affirmé Randal Quarles, le vice-président en charge de la régulation à la Banque centrale.

"Ces résultats montrent que ces groupes bancaires et notre système financier sont solides en temps normaux comme en temps de crise", a-t-il ajouté.

Hypothèse de crise sévère

Pour cette 9e édition des tests mis en place par la loi Dodd Frank après la crise financière, la Réserve fédérale avait concocté un scénario hypothétique de crise sévère à l'aune duquel elle a mis les comptes et les actifs des banques à l'épreuve.

Ce scénario prévoyait une brutale récession mondiale avec un bond du taux de chômage à 10% (contre 3,6% aujourd'hui), une appréciation du dollar, une forte chute du marché boursier et un repli de l'inflation.

La semaine dernière, l'ensemble de ces géants bancaires avaient passé haut la main la première partie générale des tests examinant de manière globale l'état de leurs fonds propres en cas de crise.

La deuxième phase, dont les résultats ont été annoncés jeudi, évaluait individuellement l'impact sur leurs fonds propres de leurs projets de distribution de liquidités, y compris leur gestion des risques et les procédés de contrôle interne.

Depuis 2009 et la crise financière suscitée par les crédits à risques ("subprimes") les géants bancaires américains ont plus que doublé le montant de leurs fonds propres de qualité qui sont passés de 300 milliards de dollars à 800 milliards. Cela devrait leur permettre de continuer à opérer et à prêter même en cas de crise grave.

La première phase des tests avait toutefois conclu qu'elles accuseraient collectivement des pertes de 410 milliards de dollars dans le cas d'une crise majeure.

afp/rp

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