par Cyril Altmeyer

PARIS, 9 juillet (Reuters) - La France célèbrera vendredi la mise à l'eau du sous-marin d'attaque nucléaire Suffren construit par Naval Group, le premier de la classe des Barracuda destinée à renforcer la composante navale de la dissuasion nucléaire au moins jusqu'en 2060.

Le Barracuda, au devis de neuf milliards d'euros, pourra effectuer des frappes contre terre en pouvant tirer jusqu'à quatre missiles de croisière navals en une seule salve, ce que ne peut pas faire son prédécesseur, l'actuel Rubis mis en service au début des années 1980.

Le nouveau sous-marin sera en outre doté d'un hangar de pont amovible qui servira de point de départ aux nageurs de combat et à leurs équipements, lesquels peuvent aller jusqu'à de mini-sous-marins, et deviendra ainsi "une base secrète et immergée", a dit Bertrand Dumoulin, porte-parole de Marine nationale, lors d'une conférence de presse au siège de Naval Group.

Long de 99 mètres, le Barracuda aura une autonomie de 70 jours contre 45 jours pour le Rubis et pourra emporter 50% d'armes en plus que son prédécesseur.

La Marine française réceptionnera le Suffren à l'été 2020, un délai qui devrait être tenu malgré les deux ans et demi de retard accusés par le programme Barracuda, dirigé à la Direction générale de l'armement par Emmanuelle T-R, qui n'a pas souhaité communiquer son nom de famille lors de la conférence de presse.

"C'est un chantier qui, depuis deux ans, tient tous les jalons qui ont été définis. L'évènement de cet été, il y a deux ans, on l'avait planifié pour début juillet et il a eu lieu les 3-4 juillet. C'est assez notable pour un programme aussi long", a-t-elle dit à Reuters en référence à la mise à l'eau effective du Suffren effectuée la semaine dernière à Cherbourg (Manche).

La Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoit la livraison à la Marine nationale de six Barracuda d'ici 2030, cinq ayant déjà été commandés et le sixième devant l'être cette année.

MACRON À CHERBOURG VENDREDI

Emmanuelle T-R n'a pas souhaité faire de commentaire à la question de savoir si la commande du sixième exemplaire serait annoncée vendredi lors de la cérémonie prévue en présence d'Emmanuel Macron à Cherbourg.

Les essais à la mer démarreront au premier trimestre 2020 en surface à Cherbourg, puis en immersion au large de Brest (Finistère), et enfin à Toulon (Var) un peu avant l'été prochain pour tester les systèmes de combat pendant plusieurs mois avant son admission au service actif.

Aménagé pour pouvoir accueillir des femmes dans des chambres de quatre à six lits, le Suffren pourra embarquer jusqu'à 70 personnes.

A un équipage de 63 personnes, s'ajouteront des nageurs de combat et deux analystes, les "oreilles d'or", capables grâce à une ouïe extraordinaire de déceler des bruits précis comme ceux provoqués par les ouvertures ou fermetures de portes des tubes lance-armes sur un bâtiment de guerre.

Le rôle des sous-marins d'attaque nucléaire est de capter discrètement des renseignements autour de lui sans révéler sa présence, tout en protégeant les sous-marins nucléaire lanceurs d'engin (SNLE) et en escortant des bâtiments spéciaux comme le porte-avions Charles-de-Gaulle.

Le programme Barracuda, lancé par la DGA en 1998, soit avant le 11-Septembre et l'avènement de Daech, comporte des marges d'évolution permettant d'ajouter des capteurs et des capacités de traitement de l'information, pour faire face à l'évolution des menaces, a précisé Emmanuelle T-R.

Le Barracuda assure 2.500 emplois, dont la moitié sur le site de Cherbourg de Naval Group, dont l'équipementier Thales détient 35%. (Edité par Gwénaëlle Barzic)

Valeurs citées dans l'article : Dassault Aviation, Thales