BERLIN, 17 janvier (Reuters) - Le gouvernement allemand envisage activement d'imposer des conditions plus strictes de sécurité, ainsi que d'autres moyens d'exclure l'équipementier télécoms chinois Huawei Technologies de la construction de réseaux mobiles de cinquième génération (5G) dans le pays, a rapporté le Handelsblatt.

Citant des sources du gouvernement, le journal allemand a précisé mercredi que des responsables du gouvernement étudient la possibilité de fixer des normes de sécurité que Huawei ne pourrait pas respecter, bloquant de fait sa participation. Des modifications de la législation allemande des télécommunications sont aussi à l'étude en dernier recours, a-t-il ajouté.

Ces délibérations marqueraient un changement de position de Berlin par rapport à celle du mois d'octobre lorsque le gouvernement avait dit aux parlementaires qu'il ne voyait pas de base légale pour exclure une société d'une adjudication 5G à venir, à la suite d'un avertissement de la part de Washington.

Berlin a dit dans une réponse plus récente à des parlementaires que la sécurité des réseaux 5G était "extrêmement importante" et guiderait ses futures décisions, a dit le journal.

Les dirigeants américains ont informé leurs alliés que Huawei était à la solde du gouvernement chinois et que ses équipements de réseau pouvaient receler des "portes dérobées" susceptibles d'être ouvertes à des fins de cyberespionnage.

Deutsche Telekom a annoncé en décembre un réexamen de sa stratégie en matière de fournisseurs et Orange a dit qu'il ne ferait pas appel au groupe chinois pour bâtir son réseau de prochaine génération.

Le changement opéré par ces leaders des marchés français et allemand, tous deux partiellement publics, fait suite à la décision de certains alliés des Etats-Unis, Australie en tête, d'exclure Huawei de la construction de leurs réseaux mobile 5G pour des raisons de sécurité nationale.

Huawei assure que ces inquiétudes sont infondées. Les tensions ont été exacerbées par l'arrestation le 1er décembre au Canada de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, en vue d'une éventuelle extradition vers les Etats-Unis.

Le Handelsblatt a rapporté une déclaration du fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, selon laquelle son groupe n'a jamais reçu de demande du gouvernement chinois de lui transmettre des informations en violation de quelque réglementation que ce soit.

"J'adore mon pays, je soutiens le Parti communiste, mais je ne ferais jamais rien qui porte atteinte à un autre pays dans le monde", a-t-il dit selon ses propos rapportés par le journal. (Andrea Shalal, Juliette Rouillon pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Deutsche Telekom, Orange