Dans la description qui figure sur son site internet, Eurofins Scientific se targue d'un cours de bourse en progression annuelle moyenne de 36% entre son arrivée sur le marché en 1997 et la fin de l'année 2017. L'entreprise, qui a fêté ses 30 ans d'existence l'année dernière, pèse désormais plus de 7 milliards d'euros, même si l'action a perdu 20% depuis le début de l'année, et plus encore par rapport à son record historique de 560 EUR, touché il y a près d'un an. Si l'exercice 2018 risque de faire reculer la moyenne, la stratégie est toujours bien rôdée. Le groupe, qui évolue sur un marché porteur à cause du renforcement des exigences réglementaires, procède à de nombreuses acquisitions dans le secteur peu concentré des laboratoires d'analyse. Il s'emploie à apporter ses outils standardisés et ses bonnes pratiques aux sociétés de toutes tailles qu'il rachète pour les hisser sur des niveaux de qualité et de rentabilité conformes à ceux de son périmètre historique.

La trajectoire se confirme

L'histoire d'Eurofins est faite d'une succession d'acquisitions et de relèvements d'objectifs, preuve que la recette fonctionne. L'annonce du jour ne déroge pas à la règle. Le chiffre d'affaires atteindra 4,6 milliards d'euros l'année prochaine et 5 milliards d'euros en 2020, alors que la prévision précédente faisait respectivement état de 4,3 et 4,7 milliards d'euros. L'Ebitda ajusté 2020 devrait ressortir à 1 milliard d'euros, dont 950 millions d'euros assis sur l'objectif actuel de progression organique de 5% par an. Le rythme effréné de croissance externe va ralentir, ont fait savoir les dirigeants, car le programme d'expansion fixé pour la période 2015 à 2020 est déjà bien avancé. Un discours qui devrait rassurer les analystes, qui sont parfois échaudés par la dette accumulée par l'entreprise, le revers de la médaille et son principal talon d'Achille.

Le management estime qu'au-delà du millésime 2020, tous les investissements consentis vont permettre d'améliorer encore la rentabilité et la génération de liquidités. Il travaille depuis 2017 à améliorer le profil de sa dette, notamment en remboursant ses emprunts les plus coûteux. Si Eurofins parvient à améliorer l'image de son bilan chez les investisseurs, il y a de bonnes chances pour qu'une revalorisation mécanique s'opère.

Un PER élevé mais historiquement bas

En matière de valorisation, le dossier affiche des multiples généreux par rapport à la moyenne du marché, mais assez éloignés de ses standards antérieurs. Il n'est pas si cher payé compte tenu de la visibilité qu'il peut offrir. Le PER 2019 ressort à 21,8 fois. C'est le niveau historique le plus faible, si l'on excepte l'atypique exercice 2011. Le graphique qui suit montre le PER depuis 2012.

PER historique d'Eurofins Scientific depuis 2012

PER historique d'Eurofins depuis 2012

Cela ne signifie pas que le dossier est un sanctuaire total. Son comportement lors de la dernière crise n'est pas exemplaire : -47% entre le plus haut du CAC40 avant la crise (1er juin 2007) et son plus bas (le 10 mars 2009). Mais ses gains depuis ce point bas, qui dépassent 1 000%, le font monter sur la seconde marche du podium des hausses des Français présents dans l'indice STOXX Europe 600 sur la période 2007 / 2018 (derrière Safran). Eurofins n'est pas un mouton à cinq pattes, mais c'est une valeur liée à la santé, à la visibilité élevée, affichant un levier intéressant sur les résultats et dont les multiples de valorisation sont assez éloignés de leurs niveaux historiques. Dans les remous actuels, ce n'est déjà pas si mal.