Rome (awp/afp) - Les titres de la galaxie Fiat, affectés par l'annonce inattendue durant le week-end du départ de son emblématique patron Sergio Marchionne, étaient secoués lundi sur les places financières de Milan et de New York.

A Wall Street, qui accueille la principale cotation de Ferrari, le titre de la célèbre marque au cheval cabré dévissait peu après l'ouverture, de 5,04% à 132,95 dollars ver 14H00 GMT. L'action de Fiat Chrysler Automobile USA (FCA US) y lâchait 2,80% à 18,78 dollars.

FCA, Ferrari et CNH Industrial, les trois groupes contrôlés par la famille Agnelli, perdaient également du terrain à Milan: vers 13H50 GMT, FCA y reculait de 2,24% à 16,048 euros, Ferrari de 5,18% à 113,60 euros, CNH Industrial de 1,79% à 8,664 euros.

Exor, la holding de la famille Agnelli, reculait par ailleurs sur la place italienne de 3,32% à 54,72 euros.

Hospitalisé pour une opération fin juin en Suisse, Sergio Marchionne, 66 ans, "ne reviendra pas au travail" en raison de graves complications survenues en fin de semaine dernière, selon Fiat Chrysler.

Réunis en urgence samedi, les administrateurs de FCA, Ferrari et CNH Industrial ont désigné quatre personnalités pour reprendre le lourd héritage et toutes les casquettes de ce bourreau de travail.

Le patron de Jeep, Mike Manley, qui a fait du constructeur américain le joyau de FCA, prend la tête du groupe automobile. Louis Camilleri, ancien patron de Philip Morris, devient administrateur délégué de Ferrari, dont John Elkann, président de FCA et petit-fils d'Umberto Agnelli, prend la présidence.

C'est une femme, Suzanne Heywood, qui arrive à la tête de CNH Industrial, le groupe de gros engins et camions issu d'une scission en 2011.

En 14 ans, Sergio Marchionne a profondément remodelé Fiat, le premier employeur privé d'Italie, d'abord en redressant l'entreprise, puis en l'alliant en 2009 à l'américain Chrysler, tout en le scindant en trois avec la création de CNH Industrial et le détachement de Ferrari.

"RACE", le symbole sous lequel Ferrari est échangé à Wall Street, "perd un gagnant" sous la houlette duquel l'action a bondi de plus de 155% depuis son entrée en Bourse, ont rappelé les analystes de Credit Suisse. "Mais la trajectoire du groupe reste la même", ont-ils ajouté en soulignant qu'ils ne changeaient pas de perspective sur ses performances à venir.

"Même si nous nous attendons à de la volatilité à court terme, le temps pour le marché de digérer les changements de direction", Sergio Marchionne "n'est pas la seule raison du succès de RACE", ont-ils justifié.

"De plus, le nouveau patron Camilleri (président de Philip Morris Chairman, membre du conseil d'administration de RACE) a déjà fait ses preuves et connait bien le groupe, ce qui devrait limiter tout risque de perturbation".

Du côté de FCA, M. Marchionne avait déjà préparé sa succession pour passer la main l'année prochaine, et beaucoup, à commencer par M. Elkann dans un courrier aux salariés de FCA, ont insisté sur les capacités de M. Manley, qui a été au coeur de l'élaboration du plan stratégique 2018-2022 présenté début juin, à assurer la continuité.

Mais des experts ont aussi relevé que ce Britannique discret n'était peut-être pas aussi armé que M. Marchionne, diplômé en droit, en management, mais aussi en philosophie, qui a réussi à conquérir politiciens, médias et syndicalistes, en particulier en Italie.

M. Manley était à Turin lundi matin pour une série de réunions avec les principaux responsables du groupe, des rencontres prévues de longue date en vue de la publication mercredi des résultats trimestriels de l'entreprise.

Régulièrement cité comme un successeur potentiel à M. Marchionne, le responsable des opérations de FCA pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, Alfredo Altavilla, a lui présenté sa démission.

afp/rp