* Quelque 28.600 personnes ont manifesté dans toute la France

* Le mouvement s'essouffle, d'autres groupes le rejoignent

* Quelques incidents, notamment à Lyon et à Bordeaux (Actualisé avec chiffres mobilisation nationale, précisions)

PARIS, 9 mars (Reuters) - En quête d'un nouveau souffle, les "Gilets jaunes" ont de nouveau manifesté ce samedi en France, en compagnie d'autres mouvements de revendication, notamment de femmes, pour une 17e journée d'action qui s'est globalement déroulée dans le calme mais a moins mobilisé que les précédentes.

Selon le ministère de l'Intérieur, 28.600 personnes sont descendues dans la rue dans toute la France dont 3.000 à Paris, contre 39.300 samedi dernier (4.000 à Paris). La semaine précédente, les manifestants étaient au nombre de 46.600 (dont 5.800 dans la capitale).

Des incidents ont notamment été signalés à Lyon et à Bordeaux. A Paris, 19 personnes ont été interpellées pour divers motifs (outrage, violence, port d'arme prohibée, etc.), selon les chiffres arrêtés à 18h35 (17h35 GMT) par la Préfecture de police.

Dans la capitale, où plusieurs défilés étaient prévus, la principale manifestation s'est déroulée dans le calme entre l'arc de Triomphe (place de l'Etoile) et la station RER de Port Royal, près des jardins du Luxembourg dans le sud de la ville.

Plusieurs mouvements de femmes étaient présents sur les Champs-Elysées, et notamment des "Gilets roses", des assistantes maternelles venues protester contre le projet de réforme des indemnités de chômage qu'elles reçoivent en cas d'activité réduite. Leurs gilets et leurs ballons roses contrastaient avec les habituels "Gilets jaunes" et les tenues sombres d'autres manifestants sur les images diffusées par les chaînes de télévision.

Des femmes venues dénoncer les violences sexistes tenaient à plusieurs une large banderole où l'on pouvait lire : "Femmes précaires, femmes en guerre". Ou encore: "Egalité hommes femmes, le compte n'y est pas !" en lettres blanches sur fond violet.

"ON NE LÂCHE RIEN"

"Peuple exploité debout", "Urgences climat", "Détruisons le patriarcat, pas le climat", clamaient d'autres manifestants par pancartes et banderoles interposées.

Un autre rassemblement statique, autorisé aux Champs-Elysées jusqu'à 17h00, s'est dispersé un peu plus difficilement que prévu. La situation s'est tendue en fin d'après-midi. Des canons à eau ont été utilisés par les forces de l'ordre. La plus célèbre avenue de Paris et la place de l'Etoile qui la termine ont ensuite été rendues à la circulation.

Sur le pont d'Iéna, occupé par des manifestants, quelques centaines de militants affichaient également leurs préoccupations écologiques en matinée au pied de la tour Eiffel : "Justice climatique et sociale même combat", disait une large banderole jaune et verte.

A Bordeaux, environ 3.500 à 4.000 "Gilets jaunes" selon les estimations de plusieurs journalistes, ont défilé dans le centre-ville jusqu'à la gare Saint-Jean où les forces de l'ordre ont utilisé du gaz lacrymogène pour disperser certains manifestants qui voulaient pénétrer dans la gare dont les portes avaient été fermées.

Des grenades lacrymogènes ont également été tirées près du Grand-Théâtre et de la place des Quinconces.

Les forces de l'ordre ont procédé à 18 interpellations pour détention de matériels offensifs, dégradations de biens publics, jets de projectiles et outrage, selon la préfecture.

Avant le défilé, les manifestants s'étaient regroupés comme chaque samedi sur la place de la Bourse où le chanteur HK, membre du groupe lillois les Saltimbanks, a donné un mini concert de chansons populaires. Le titre "On ne lâche rien", a été repris en coeur par les manifestants.

A Lyon, des affrontements ont eu lieu comme à l'accoutumée entre plusieurs centaines de manifestants et les forces de l'ordre. Des "Gilets jaunes" ont visé les policiers avec des projectiles, qui les ont repoussées par des lacrymogènes.

Des manifestants cagoulés s'en sont également pris à des vitrines de commerces non protégées. Un hélicoptère survolait le centre-ville.

A Toulouse, 3.000 à 4.000 manifestants ont défilé dans le calme.

Un rassemblement instantané ("flash mob") a eu lieu à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. "Vente ADP égale trahison", "Ceux qui vendent la France sont des traites" (sic) lisait-on sur des panneaux mettant notamment en cause la société Aéroport de Paris (ADP) qui doit être privatisée. (Danielle Rouquié avec Claude Canellas à Bordeaux, Catherine Lagrange à Lyon et Julie Rimbert à Toulouse, édité par Tangi Salaün)

Valeurs citées dans l'article : Groupe ADP, Vinci