LONDRES, 15 novembre (Reuters) - Le secteur bancaire britannique a lourdement chuté jeudi à la Bourse de Londres, plombé par les turbulences politiques au Royaume-Uni autour du projet d'accord sur le Brexit trouvé avec Bruxelles, accord qui par ailleurs n'est pas jugé favorable à la City.

Royal Bank of Scotland a décroché de 9,63% à 229,8 pence, accusant la plus forte baisse du Footsie 100 qui a fini quasiment inchangé. Il s'agit du plus fort repli de la valeur en une séance depuis le vote sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne en juin 2016.

LLoyds Banking Group a perdu 5,03% à 55,45 pence et Barclays a lâché 4,11% à 165,38 pence.

L'indice Footsie Mid 250 des moyennes capitalisations britanniques a reculé de son côté de 1,31%.

La Première ministre britannique Theresa May a dû faire face jeudi à un mouvement de contestation au sein même de son cabinet au lendemain de la validation par ses principaux ministres du projet d'accord de sortie de l'Union européenne.

Plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre du Brexit Dominic Raab, ont annoncé leur démission, ouvrant une crise politique accentuée par la perspective d'un rejet du projet d'accord par le parti unioniste nord-irlandais DUP, dont les députés permettent à Theresa May de s'appuyer sur une majorité parlementaire.

"La musique d'ambiance aujourd'hui est que cela ne fait pas l'affaire du secteur financier de la City", indique Chris Beauchamp, analyste marchés chez IG.

L'ampleur de la protestation parmi les responsables politiques au Royaume-Uni contre le projet d'accord de Theresa May reste incertaine, mais la place financière londonienne n'avait d'ores et déjà pas de quoi se réjouir des propositions.

Le projet d'accord prévoit pour les banques, assureurs et gestionnaires d'actifs britanniques un accès limité aux marchés financiers européens après une période de transition qui démarrerait en mars et se terminerait en décembre 2020.

Il est fondé sur le système existant d'accès aux marchés financiers dit d'"équivalence" qui s'applique déjà à de nombreux pays comme les Etats-Unis et le Japon.

Les principales têtes d'affiche à la City, parmi lesquelles John McFarlane, le président de Barclays et du groupe d'influence CityUK, espéraient que les responsables politiques parviennent à négocier une "équivalence améliorée" entre l'industrie financière britannique et l'Union européenne.

Mais le projet d'accord de 568 pages donne peu d'espoirs qu'une telle alliance - qui offrirait un accès plus large et des mesures de protection plus grandes contre une soudaine perte de droits - puisse être mise en oeuvre.

"Nous n'allons rien avoir de plus que ce qu'ont les Etats-Unis. Le seul ajout est que l'équivalence peut être demandé durant la période de transition, de manière accélérée", commente un responsable d'une banque américaine basé à Londres.

Les régulateurs britanniques du secteur financier ont tenu une conférence téléphonique avec de grandes banques pour avoir des commentaires sur les conditions de marché après la chute de la livre sterling, ont indiqué des sources.

Une source a précisé que cette conférence téléphonique avait été organisée à la demande du gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney. La BoE n'a pas souhaité faire de commentaires.

Les analystes prévoient une chute des actifs britanniques en raison des risques que font courir les incertitudes autour du Brexit sur l'économie et le gouvernement en place. Une des réponses à ces incertitudes pourrait être une baisse des taux d'intérêt, estime Ian Gordon chez Investec, ce qui pénaliserait les marges des banques britanniques. (Sinead Cruise, Huw Jones et Andrew MacAskill, Blandine Hénault pour le service français, édité par Juliette Rouillon)

Valeurs citées dans l'article : Barclays, Lloyds Banking Group, Royal Bank of Scotland Group