Paris (awp/afp) - Les dirigeants du géant mondial de l'optique EssilorLuxottica ont rejeté mercredi des propositions de plusieurs actionnaires préconisant la nomination de davantage d'administrateurs indépendants, pour tenter d'extirper le groupe de la crise de gouvernance dans laquelle il est plongé.

Le conseil d'administration d'EssilorLuxottica a recommandé "à la majorité" que les actionnaires du groupe votent contre ces projets qui leur seront soumis à la prochaine assemblée générale ordinaire le 16 mai prochain, selon un communiqué.

Si elles étaient approuvées par les actionnaires, ces résolutions "seraient en violation des accords" conclus entre le français Essilor et l'italien Luxottica préalablement à leur fusion effective depuis octobre dernier et seraient "susceptibles de perturber les activités du conseil" a justifié ce dernier.

Un argument pouvant sembler paradoxal, étant donné que la gouvernance du groupe est déjà troublée depuis des semaines par les tensions devenues criantes entre son PDG et premier actionnaire, l'Italien Leonardo Del Vecchio, et le vice-PDG délégué Hubert Sagnières.

Cette crise a culminé le mois dernier avec la demande par Delfin, la holding de M. Del Vecchio, d'une procédure d'arbitrage devant la Chambre de commerce internationale, acceptée à contrecoeur par le camp français. Le conseil a récemment lancé la recherche d'un nouveau directeur général, cependant ce processus pourrait durer jusqu'à fin 2020.

Pour tenter de mettre de l'huile dans les rouages du conseil, sept fonds actionnaires d'EssilorLuxottica ont proposé de nommer deux administrateurs indépendants supplémentaires, l'Américaine Wendy Evrard Lane et le Danois Jesper Brandgaard.

De son côté, l'association d'actionnaires salariés d'EssilorLuxottica, Valoptec, a proposé la nomination d'un autre administrateur indépendant, le Britannique Peter James Montagnon.

Toutefois ces projets de résolutions ont peu de chances d'être adoptés à l'AG du 16 mai sans le ralliement de nombreux autres actionnaires. Car ils nécessitent d'obtenir au moins 50% des votes, alors que les sept sociétés d'investissement plus Valoptec cumulent à peine 5% des droits de vote du groupe.

afp/buc