Zurich (awp) - Meyer Burger ne veut pas d'un représentant de Sentis capital PCC dans son conseil d'administration. Ce dernier recommande aux actionnaires, qui se réuniront en assemblée générale extraordinaire le 30 octobre à Berne, de rejeter la candidature de Mark Kerekes en tant qu'administrateur pour le compte de la société de participations contrôlée par l'homme d'affaires russe Petr Kondrashev.

Dans une prise de position lundi soir, Sentis a rejeté les arguments avancés par l'entreprise de Thoune.

Dans la lettre d'invitation à l'assemblée générale extraordinaire convoquée à la demande de Sentis Capital publiée lundi, le spécialiste bernois des installations de production pour le secteur de l'énergie photovoltaïque motive son refus du fait que M. Kerekes pourrait se trouver confronté à des conflits d'intérêts du fait de ses fonctions au sein de Sentis Capital.

Il est co-directeur et membre du conseil d'administration de cette société, qui détient près de 11% de Meyer Burger et constitue elle-même une filiale du groupe Elbogross, propriété de M. Kondrashev.

La décision de ne pas recommander l'élection de M. Kerekes a été prise à l'unanimité des membres du conseil d'administration de Meyer Burger. Ce dernier explique que malgré ses efforts il n'est pas parvenu à obtenir la transparence nécessaire quant aux antécédents, activités et objectifs de M. Kondrashev.

Il n'a pratiquement pas pu obtenir d'informations à ce sujet et en a conclu à l'unanimité que les intérêts de Sentis et ceux de Meyer Burger et de ses actionnaires sont très divergents. Estimant des conflits "prévisibles", il note qu'une coopération "confiante" au sein de l'organe de surveillance "semble irréaliste".

Conflits d'intérêts "insolubles"

Sentis et son groupe, y compris Mark Kerekes lui-même, négocient des actions Meyer Burger et des produits dérivés. En tant qu'administrateur de Meyer Burger, Mark Kerekes bénéficierait d'une connaissance approfondie de l'entreprise, ce qui entraînerait des conflits d'intérêts insolubles. Lors d'un entretien approfondi avec le Comité des nominations du conseil d'administration, Mark Kerekes n'a pas été en mesure de démontrer comment ces obstacles pourraient être levés.

Lors d'une conférence téléphonique, le président du conseil d'administration de Meyer Burger, Remo Lütolf, a ajouté que la présence de M. Kerekes au sein de l'organe de surveillance ne permettrait pas à ce dernier de travailler de manière constructive et ouverte.

Le conseil d'administration craint également que son entrée au conseil d'administration ne compromette la mise en oeuvre du changement de stratégie du groupe établi à Thoune. La nouvelle orientation est étroitement liée au directeur général Hans Brändle, dont Sentis a exigé la démission sans raison compréhensible et sans proposition concrète pour une succession "convaincante". L'intéressé a annoncé qu'il démissionnerait au cas où un représentant de Sentis était élu au Conseil d'administration.

Meyer Burger a aussi relevé que Petr Kondrashev figure sur la liste du Département américain des finances des personnes jugées proches du président russe Vladimir Poutine et faisant l'objet de sanctions de la part des Etats-Unis.

Reproches balayés par Sentis

Dans sa prise de position, Sentis a énergiquement contesté les arguments de Meyer Burger. M. Kerekes est proposé pour le conseil d'administration comme représentant d'un important actionnaire, comme c'est le cas dans de nombreuses entreprises, a affirmé Anton Karl, co-directeur et membre du conseil d'administration de Sentis. Il a souligné qu'il n'y a aucun conflit d'intérêt car la principale préoccupation est pour le succès de l'entreprise.

Recentrage en cours

En difficultés, le groupe bernois veut se focaliser sur les technologie Heteorjunction et Smartwire. Meyer Burger entend se positionner ainsi dans une niche de modules à haute performance. L'entreprise, compte encore quelques affaires qui ne font pas partie de son coeur de métier et dont il veut se désengager.

Meyer Burger a conclu avec REC Solar un accord de principe en vue d'une collaboration approfondie. Le groupe bernois se propose de mettre à disposition du producteur norvégien de panneaux solaires, désireux de démultiplier ses capacités de production, l'exclusivité de son savoir-faire dans l'hétérojonction et les technologies de connections Smartwire.

En échange, REC s'engagerait à partager ses bénéfices avec Meyer Burger. Ce nouveau modèle d'affaires doit permettre à Meyer Burger de monétiser sa technologie et de protéger ses brevets, trop souvent banalisés sur les principaux débouchés de l'industriel de Thoune ces dernières années.

Chute du titre

Dans un commentaire, la Banque cantonale de Zurich a relevé que les querelles concernant la composition du conseil d'administration devraient peser sur l'évolution du cours de l'action. Il s'agit d'une difficulté supplémentaire pour la société thounoise, laquelle doit déjà faire face à un environnement de marché exigeant.

A la Bourse, l'action Meyer Burger a terminé en baisse de 5,6% à près de 40 centimes.

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