Londres (awp/afp) - Les grands acteurs de la distribution britannique ont limité les dégâts à Noël, mais leurs problèmes sont loin d'être résolus avec l'explosion du commerce en ligne, des acteurs à bas coût ambitieux et un Brexit incertain déprimant pour leurs clients.

Les principales chaînes de supermarchés et enseignes de grands magasins ont publié ces derniers jours leurs résultats de la période cruciale des dernières semaines de l'année.

Jeudi, le numéro un britannique Tesco a fait état d'une hausse de 2,2% sur un an de ses ventes dans ses hypermarchés, supermarchés et supérettes lors de la période de six semaines qui s'est achevée le 5 janvier. Il s'en est plutôt bien sorti en multipliant les promotions, par exemple en vendant à moitié prix des pièces d'agneau et de boeuf ou en réduisant d'un quart le prix de caisses de six bouteilles de vin.

Toujours jeudi, Marks and Spencer a publié des résultats moins reluisants: ses ventes ont diminué de 2,2% lors de la période de 13 semaines achevée le 29 décembre. Ces difficultés de la vénérable enseigne de grands magasins et de points de ventes alimentaires ont été tangibles tant du côté de la nourriture que de l'autre pan de son activité, les vêtements et produits domestiques.

Plus tôt dans la semaine, le numéro deux des supermarchés au Royaume-Uni, Sainsbury's, a fait état d'un repli de 0,4% de ses ventes sur la période de 15 semaines terminée le 5 janvier, malgré des efforts promotionnels là encore intenses, comme la cession à tout juste 9 livres l'unité (10 euros) d'une flopée de dindes de Noël.

Le 3 janvier, Next, l'une des principales chaînes britanniques de vêtements, avait évoqué une légère hausse de ses ventes pendant les fêtes mais s'était montrée pessimiste pour les mois à venir.

"Les consommateurs dont le pouvoir d'achat est sous pression n'ont pas fait de folie à Noël, au cours duquel les ventes au détail ont calé", a constaté Helen Dickinson, la directrice générale du British Retail Consortium (BRC), la fédération professionnelle du secteur.

Jeudi, le BRC a publié son baromètre mensuel sur les ventes des détaillants qui a fait état d'une croissance nulle en décembre sur un an - la pire performance lors de ce mois crucial depuis dix ans.

"Cela augure d'un début d'année 2019 difficile pour les distributeurs, avec des taxes professionnelles qui devraient encore augmenter cette année et la menace d'un Brexit sans accord de plus en plus pressante", a-t-elle ajouté.

Des fermetures à craindre

Les professionnels du secteur de la distribution physique sont confrontés à une série de défis, dont la cherté des loyers des locaux commerciaux et des taxes qui s'y rattachent.

Les acteurs du commerce en ligne prennent aussi des parts de marché de plus en plus importantes, même si les distributeurs traditionnels se mettent aussi à l'internet - les ventes en ligne de vêtements et de produits domestiques de Marks and Spencer ont ainsi grimpé de 14% lors du dernier trimestre.

Les enseignes installées sont concurrencées de surcroît, notamment dans l'alimentaire, par la montée des groupes de maxidiscompte. D'après le cabinet spécialisé Kantar, les ventes des distributeurs bon marché allemands Aldi et Lidl ont bondi d'environ 10% lors des 12 dernières semaines de l'année, alors que celles des quatre enseignes britanniques historiques (Tesco, Sainsbury's, Asda et Morrisons) ont peu ou prou stagné dans le même temps.

Enfin, la perspective du Brexit, pendant longtemps neutre pour les clients, commence à peser sur leur moral à mesure que s'aggrave le blocage politique au Royaume-Uni autour de l'accord de sortie négocié par la Première ministre Theresa May avec l'UE.

Au final, de nouvelles vagues de fermetures et de suppressions d'emplois ne sont pas à exclure. Le directeur général de l'enseigne de grands magasins Debenhams, dont les ventes ont diminué pendant les fêtes, n'a ainsi pas écarté une nouvelle cure d'amaigrissement après des résultats de Noël difficiles publiés jeudi.

afp/ol