Londres (awp/afp) - La croissance économique du Royaume-Uni a nettement ralenti en 2018, à 1,4%, soit son rythme le plus faible depuis six ans, a annoncé lundi l'Office des statistiques nationales, à moins de deux mois d'un Brexit aux contours incertains.

Le PIB du pays avait crû de 1,8% en 2017. Après avoir connu un pic de forme pendant l'été, la croissance a fortement ralenti cet automne et le PIB n'a augmenté que de 0,2% lors du dernier trimestre, avec un trou d'air marqué en décembre.

Le pays ne semble pas aborder avec un fort élan économique la phase cruciale du Brexit, prévu le 29 mars.

"La croissance du PIB a ralenti de façon notable au dernier trimestre 2018, avec un repli de 0,4% pour le seul mois de décembre. L'activité dans la construction, la production industrielle et les services ont tous baissé lors de ce mois, une première depuis septembre 2012", a noté l'ONS.

Du côté des dépenses, les entreprises se sont montrées de plus en plus prudentes avant d'investir (-1,4% au quatrième trimestre), face à l'aggravation du blocage politique autour du Brexit. Il s'agit du quatrième trimestre consécutif de baisse de cet indicateur crucial pour mesurer l'optimisme du secteur privé, une première depuis la crise financière internationale.

Signe de cette fébrilité, le constructeur japonais Nissan a renoncé début février à assembler l'un de ses nouveaux modèles dans son usine en Angleterre, un revirement qui a fait l'effet d'un coup de tonnerre en Grande-Bretagne.

Mais la consommation des ménages, qui avait tenu le choc jusque-là, a aussi montré des signes de faiblesse (seulement +0,4%) à mesure que le moral des particuliers était plombé par les incertitudes persistantes autour des conditions de la sortie de l'UE. Un marché immobilier au ralenti a aussi pesé sur la propension à dépenser.

Ternes prévisions pour 2019

Le coup de frein de l'activité pourrait encore être marqué en ce début d'année. En janvier, l'accord sur les modalités du Brexit conclu par la Première ministre britannique Theresa May avec les dirigeants des 27 autres pays de l'UE a été massivement rejeté par les députés à Westminster, ce qui a épaissi encore davantage le brouillard entourant le Brexit. Les discussions sont depuis dans l'impasse, notamment autour du "filet de sécurité" irlandais.

Jeudi, la vénérable Banque d'Angleterre a frappé les esprits en abaissant drastiquement sa prévision de croissance pour 2019, à 1,2%, ce qui constituerait le résultat le plus faible depuis la fin de la crise financière internationale d'il y a dix ans.

"Le brouillard du Brexit cause de la volatilité à court terme dans les statistiques économiques et plus fondamentalement crée une série de tensions pour l'économie, pour les entreprises", a prévenu le gouverneur de l'institut d'émission, Mark Carney, dont le mandat a été prolongé jusqu'en 2020 pour assurer une stabilité en cette période incertaine.

La Commission européenne table de son côté sur une croissance de 1,3% en 2019 pour le Royaume-Uni.

La croissance réduite prévue pour cette année pourrait même être encore plus faible si le pays devait sortir sans accord de l'UE - un risque toujours sur la table. Jeudi, M. Carney a prévenu que l'économie britannique n'était "pas encore prête" à un tel scénario, le pire pour les milieux d'affaires. Une sortie sans accord pourrait faire caler la croissance voire entraîner une récession temporaire, d'après des économistes.

afp/ck