Pernod Ricard gagne 1,42% à 124,95 euros, sous-performant un CAC 40 en hausse de plus de 5% après un important "profit warning". Face à l'effondrement de ses ventes en Chine lié au coronavirus, le numéro deux mondial des vins et spiritueux prévoit une chute de 20% de son résultat opérationnel courant 2019/2020 (exercice clos fin juin), contre une hausse comprise entre 2% et 4% auparavant. Le groupe familial avait déjà révisé à la baisse sa prévision le mois dernier. Fin août, soit il y a un siècle, il visait une progression comprise entre 5% et 7%.

Pernod Ricard a reconnu que la pandémie avait fortement pénalisé ses ventes. En Chine notamment, son activité a été très limitée en février et reste atone en mars. En revanche, il prévoit une reprise lente de l'activité à partir d'avril. Dans le travel Retail, c'est-à-dire principalement les achats réalisés dans les "duty free" des aéroports,  le déclin de l'activité attendu entre février et fin juin est de l'ordre de 80%.

Dans le off-trade, soit le segment des distributeurs, qui représente environ 75% du chiffre d'affaires, le groupe prévoit une réduction de 10% du chiffre d'affaires de la mi-mars à la fin juin. Dans le on-trade (ventes directement auprès des bars et restaurants notamment), qui représente environ 25% du chiffre d'affaires, le groupe ne réalisera aucun chiffre d'affaires entre la mi-mars et la fin juin, les points de vente étant fermés ou n'effectuant pas de nouvelles commandes.

Pour autant, cette situation exceptionnelle ne met pas en péril la situation financière du groupe.

Le 23 mars 2020, le groupe a remboursé une obligation de 850 millions d'euros plus les intérêts, pour un montant total de 863 millions d'euros, sans pénalité, trois mois avant la date de maturité, grâce à l'exercice de son droit de remboursement anticipé.

La prochaine échéance significative est en avril 2021, date à laquelle 1 milliard de dollars sera dû.

Pernod Ricard dispose d'environ 3,4 milliards d'euros de lignes de crédit auprès de banques, dont seulement 0,3 milliard est actuellement tiré. Ces facilités incluent une ligne de crédit syndiqué de 2,5 milliards d'euros, à échéance 2024, actuellement non tirée.

Dans l'attente de jours plus festifs, la société d'Alexandre Ricard maintient le cap tout en déployant un plan d'action d'envergure pour réduire ses coûts.

Jefferies a confirmé sa recommandation d'Achat et son objectif de cours de 172 euros sur Pernod Ricard dans le sillage de cette publication.

Le broker observe qu'un "profit warning" dans l'environnement actuel n'est guère une surprise, mais son ampleur (-20%) alerte sur le manque de caractéristiques défensives d'un secteur exposé à la vente directe. La période s'annonce compliquée pour le secteur, mais les fondamentaux de long terme de Pernod Ricard, comme la croissance et le changement, restent intacts. Dans ce cadre, la volatilité créée par le Covid-19 pourrait offrir des points d'entrée sur une valeur attractive, assure le bureau d'études.