On pourrait même parler d'un début d'année fiscale titubant pour Pernord Ricard, qui publiait hier ses résultats trimestriels. Le chiffre d'affaires consolidé baisse de 8% — effet de change inclus — malgré une hausse des prix équivalente.

Les ventes diminuent aux Etats-Unis et en Chine, où le groupe maintient cependant une perspective "positive". Les autres marchés sont stables. Il serait prématuré de parler de gueule de bois après une précédente année fiscale exceptionnelle ; soulignons plutôt qu'on observe ici une normalisation de l'activité. 

Sur le temps long, celle de Pernod Ricard s'est davantage distinguée par sa stabilité que par son rythme de croissance. Malgré un portefeuille de marques exceptionnel — Jameson, Ballantines, Absolut, Malibu, Havana Club, Perrier-Jouët, Ricard, Pastis 51, Chivas Rigal, The Glenlivet, etc. — le potentiel d'expansion organique demeure limité.

Il faut donc s'orienter vers les acquisitions si l'on veut passer à la vitesse supérieure. Or, historiquement le groupe familial français a été plus timoré — d'aucuns diraient plus conservateur — en la matière que Diageo. Il est aussi moins agressif avec le levier financier que son rival britannique, d'où une rentabilité nettement inférieure.

Deux maisons deux méthodes. L'approche est différente — plus familiale peut-être — mais cependant tout aussi louable. Le marché, d'ailleurs, valorise les deux groupes sur une même base, c'est-à-dire à un multiple moyen de x25 les profits sur la dernière décennie.  

Aux Etats-Unis, Brown-Forman continue de faire bande à part. Le propriétaire de la marque Jack Daniels affiche une rentabilité incomparablement supérieure et s'échange traditionnellement entre x30 et x40 les profits. Il est vrai qu'il est concentré sur le marché le plus lucratif au monde, et qu'il s'est révélé un acquéreur particulièrement astucieux sur le dernier cycle...