Paris (awp/afp) - Le numéro deux mondial des spiritueux Pernod Ricard a relevé son objectif de rentabilité pour son exercice décalé 2018/19 après une hausse de 4,5% de son chiffre d'affaires au troisième trimestre, tirée par les marchés émergents.

De janvier à mars, le groupe a engrangé 2 milliards d'euros. Sur neuf mois, la croissance du chiffre d'affaires est en hausse de 5% à 7,2 milliards d'euros, tiré par les marchés émergents en croissance de 15%.

"Nous prévoyons une croissance organique du résultat opérationnel courant (ROC) d'environ 8%", indique le groupe jeudi dans un communiqué. Pernod Ricard avait déjà relevé son objectif de ROC pour l'année 2018/2019 au trimestre précédent, passant à une croissance organique comprise entre 6% et 8%, contre 5% et 7% auparavant.

A 12H15, le titre Pernod Ricard cédait pourtant 0,38% à 155,75 euros, alors que le CAC 40 était en légère hausse (+0,22%).

La croissance des ventes a été tirée durant le trimestre par la zone Amériques, en hausse de 7% à 567 millions d'euros, avec une "amélioration de la performance en Amérique Latine et des expéditions reflétant le début de l'optimisation des stocks des grossistes aux Etats-Unis", indique le groupe dans le communiqué.

Si les ventes de whisky irlandais Jameson connaissent d'habitude un pic en mars autour de la Saint-Patrick aux Etats-Unis, ce mois en 2019 a connu une augmentation de parts de marché "moins importante que l'année dernière", a indiqué la directrice financière, Hélène de Tissot, à l'AFP. "Mais la performance de Jameson est toujours forte sur une tendance à plus long terme."

La zone Asie/reste du monde a également connu une belle croissance de 5%, à 922 millions d'euros, "en ligne avec les attentes" du groupe, grâce notamment à l'avancée du Nouvel an chinois qui a permis une "gestion de la croissance pérenne" du cognac Martell et le changement du mode de distribution en Corée.

Les ventes ont augmenté de 21% en Chine et de 19% en Inde sur les 9 premiers mois de l'exercice.

Conflits commerciaux en Europe

Les ventes sont restées stables en Europe, à 515 millions d'euros, la "très forte performance en Russie et au Royaume-Uni" permettant de compenser le conflit commercial en France et en Allemagne.

Pernod Ricard et le distributeur français Leclerc n'ayant pas réussi à trouver un accord tarifaire lors des négociations annuelles achevées fin février, le distributeur a provisoirement déréférencé toutes les marques du groupe de spiritueux dans ses magasins, qui représentent le quart du marché hexagonal.

Le dossier a cependant avancé depuis début avril et les produits Pernod Ricard reviennent progressivement dans les rayons de ce distributeur, selon une source proche du groupe.

"Pour l'année en cours, dans un environnement qui reste incertain, nous avons pour ambition de poursuivre une croissance dynamique et diversifiée sur l'ensemble de nos régions et de nos marques", a indiqué le PDG Alexandre Ricard, cité dans un communiqué.

Le groupe, dont la gestion est actuellement critiquée par le fonds activiste américain Elliott, assure qu'il va continuer à "investir pour garantir une croissance qui soit durable et profitable".

Pernod Ricard a ainsi annoncé mercredi l'acquisition du gin italien haut de gamme Malfy auprès de l'entreprise américaine Biggar & Leith, ce qui lui permet d'étendre son portefeuille dans les catégories "en forte croissance" des gins haut de gamme et aromatisés, suite au partenariat avec Monkey 47 en 2016 et à l'acquisition d'Ungava en 2018.

Pernod Ricard a également récemment annoncé qu'il deviendrait à partir du 1er juillet le distributeur exclusif des vins des Domaines Barons de Rothschild en Chine. "Cet accord nous permettra de renforcer notre leadership dans cette catégorie: le moment de consommation des repas et le e-commerce", selon Mme de Tissot.

afp/fr