PARIS (awp/afp) - La France a été rattrapée samedi par la vague mondiale de cyberattaques, qui a touché l'une de ses entreprises emblématiques: le groupe automobile Renault, où le virus informatique a entraîné des dysfonctionnements et l'arrêt de la production dans plusieurs usines.

Cette attaque informatique sans précédent, survenue vendredi dans plusieurs dizaines de pays dans le monde, a obligé le constructeur automobile, "touché" par le virus, "à prendre des mesures préventives", a indiqué à l'AFP un porte-parole du groupe.

Parmi ces "mesures préventives": la mise à l'arrêt de plusieurs chaînes de montage, décidée "pour éviter la propagation du virus", a précisé le porte-parole, sans donner le nom des sites concernés.

"On est en train de faire le tour des usines", a expliqué la direction, ajoutant qu'une "action" avait été mise en place vendredi soir, dès la cyberattaque détectée. "On fait le nécessaire pour contrer" ce piratage informatique, a-t-on assuré.

Selon des sources concordantes, l'usine de Sandouville (Seine-Maritime), qui emploie 3.400 salariés et produit des utilitaires, essentiellement des Renault Trafic, à raison de 640 véhicules par jour, est notamment concernée.

"Nous sommes impactés par cette cyberattaque, la production de nuit a été touchée mais heureusement ce week-end il n'y avait pas de production complète prévue, seulement une production marginale dans l'emboutissage", a expliqué à l'AFP le responsable communication de l'usine.

"Toutes les équipes techniques sont sur place pour faire un diagnostic, procéder à une analyse technologique et engager une action pour reprendre la production au plus vite", a ajouté ce responsable, évoquant un redémarrage de l'usine "lundi matin".

Outre les sites en France, une usine d'une filiale de Renault en Slovénie, la société Revoz, a été touchée. "Des problèmes ont affecté une partie du système informatique", a expliqué un porte-parole de cette filiale, faisant état d'une suspension de la production dans l'usine de Novo Mesto.

- "sans précédent" -

Renault est la première entreprise française à reconnaître avoir été touchée par cette cyberattaque massive, qui a touché notamment la Grande-Bretagne, l'Espagne, le Portugal, le Mexique, l'Australie, les Etats-Unis et la Russie.

Contactée par l'AFP, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'informations (Anssi), chargée de coordonner la lutte contre le piratage informatique en France, a assuré samedi n'avoir "pas connaissance" d'autre victime dans l'Hexagone.

"Il faut absolument que les organisation appliquent les correctifs de sécurité", a toutefois insisté un porte-parole de l'Anssi, précisant que l'agence poursuivait ses analyses techniques pour mettre à jour ses règles de sécurité.

L'Anssi recommande notamment "l'application immédiate des mises à jour de sécurité, qui permettent de corriger les failles exploitées pour la propagation" du virus informatique, et la déconnection des équipements compromis en cas d'incident.

Elle demande enfin expressément de ne pas payer de rançon. "Le paiement ne garantit en rien le déchiffrement de vos données et peut compromettre le moyen de paiement utilisé", explique-t-elle.

La cyberattaque, "d'un niveau sans précédent" selon Europol, a été réalisée à l'aide d'un logiciel de rançon. Ce dernier verrouille les fichiers des utilisateurs et les force à payer une somme d'argent sous forme de bitcoins pour en recouvrer l'usage.

En Grande-Bretagne, plusieurs hôpitaux ont été visés. Le piratage a contraint les antennes médicales à des annulations de rendez-vous et à la redirection de certains patients vers d'autres services.

Aux États-Unis, le géant de livraison de colis FedEx a reconnu avoir lui aussi été infecté. En Russie, la cyberattaque a touché la Banque centrale ainsi que plusieurs ministères.

L'attaque, qui suscite l'inquiétude des experts en sécurité, a été réalisée à l'aide d'un logiciel de rançon. Ce dernier verrouille les fichiers des utilisateurs et les force à payer une somme d'argent sous forme de bitcoins pour en recouvrer l'usage.

Des images ont été partagées sur les réseaux sociaux avec des écrans d'ordinateurs du NHS demandant le paiement de 300 dollars en bitcoins avec la mention: "Oups, vos dossiers ont été cryptés".

Selon les premiers éléments de l'enquête, les pirates informatiques auraient exploité une faille dans les systèmes Windows, divulguée dans des documents piratés de l'agence de sécurité américaine NSA.

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