Renault poursuit sa chute entamée la veille sur la place de Paris. Ainsi, le titre du constructeur automobile recule de 2,44% à 57,62 euros, après avoir déjà abandonné 8,43% hier. L’arrestation de Carlos Ghosn au Japon sur fonds de pratiques financières inappropriées a déclenché des réactions en chaîne, qui soulèvent de multiples questions sur l’avenir de l’Alliance entre Renault, Nissan et Mitsubishi. Hier soir, Mitsubishi Motors a annoncé son intention de démettre rapidement Carlos Ghosn de ses fonctions de président du conseil d'administration.

Un peu plus tôt, c'est le directeur général de Nissan qui avait proposé de démettre rapidement Carlos Ghosn de ses fonctions de Président de Nissan. Avec des mots durs : " pratiques financières graves et inacceptables". Le dirigeant s'est aussi dit " déçu, désespéré, indigné ".

La question de la vacance du pouvoir au sein de Renault se pose également, alors que Carlos Ghosn pourrait rester plusieurs semaines en détention au Japon.

Bruno Le Maire appelle ainsi de ses vœux la mise en place d'une gouvernance intérimaire chez Renault. " Il faut une gouvernance intérimaire (…) puisque aujourd'hui M. Ghosn est empêché de diriger l'entreprise ", a expliqué le ministre de l'Economie au micro de Franceinfo. " En revanche, nous n'avons pas demandé le départ formel de M. Ghosn du conseil d'administration pour une raison qui est simple, nous n'avons pas de preuve et nous sommes dans un Etat de droit ", a-t-il ajouté.

Quoiqu'il en soit, le Conseil d'Administration de Renault pourrait se réunir dans la soirée pour décider de la marche à suivre.

Du côté des analystes, les réactions s'avèrent diverses et variées. De leur côté, Exane BNP Paribas et Bank of America Merrill Lynch ont dégradé leur opinion à Neutre sur Renault, selon une source de marché.

En revanche, Invest Securities et Oddo BHF affichent une recommandation Achat. Le premier estime peu probable une crise allant jusqu'à la dissolution de l'Alliance. Dans le cas contraire, cela induirait encore une valorisation du titre Renault (hors Nissan et Mitsubishi) de 70 euros. La réaction du marché hier est donc théoriquement exagérée pour un titre déjà sous-évalué, juge le bureau d'études.

Pour sa part, Oddo BHF constate que Renault et Nissan sont aujourd'hui trop étroitement liés industriellement pour que la structure organisationnelle de l'Alliance puisse être remise en cause. Tout retour en arrière se traduirait par une forte augmentation des coûts de développement et des coûts variables qui mettrait en péril la durabilité de Renault et de Nissan, estime l'analyste.

Cependant, une modification des structures de l'alliance et un rééquilibrage vers Nissan semblent maintenant plus probables, conclut l'expert.