Que dira-t-il ?

La conférence de presse donnera à Ghosn l'occasion de préciser ses affirmations selon lesquelles les dirigeants de Nissan Motor, avec l'aide du gouvernement japonais, ont conspiré pour orchestrer sa chute afin d'empêcher la fusion de Nissan avec son partenaire d'alliance Renault.

Ses avocats ont déjà affirmé qu'il avait été victime d'un "groupe de travail secret" formé par des fonctionnaires du gouvernement et des dirigeants de Nissan qui voulaient le déboulonner. Dans un message vidéo en avril, il a déclaré que "quelques cadres" l'avaient pris pour cible "dans leur propre intérêt et pour leurs propres craintes égoïstes". Cette vidéo a été montée par son équipe juridique afin de supprimer les noms des personnes que Ghosn accusait de trahison, pour en limiter les conséquences juridiques. Ghosn, qui s'est enfui dans un pays qui n'a pas de traité d'extradition avec le Japon, a déclaré à Fox Business qu'il avait l'intention d'identifier les responsables lors de la conférence de presse.

Qui sont les autres acteurs ?

Ghosn n'est pas le seul cadre supérieur de Nissan qui a fait face à des allégations de mauvaise gestion financière. Une enquête interne a révélé que l'ancien chef de la direction Hiroto Saikawa et d'autres cadres supérieurs ont reçu une rémunération inappropriée. Saikawa a dû démissionner l'année dernière. L'ancien chef de la direction et ancien protégé de Ghosn a déclaré avoir reçu la rémunération en actions dans le cadre d'un "plan de l'ère Ghosn". L'attention s'est également portée sur un autre cadre de Nissan qui a aidé à évincer Ghosn mais qui a été lui-même accusé par la suite d'avoir reçu des versements indus. Nissan a toutefois déclaré que son enquête n'avait trouvé aucune preuve contre le cadre, Hari Nada, qui a depuis été rétrogradé.

Quels sont les autres craintes pour la gouvernance ?

L'ancien PDG de Renault, Thierry Bolloré, a cherché à signaler des conflits d'intérêts et des problèmes de gouvernance présumés chez Nissan avant de quitter le constructeur français, a rapporté le quotidien français Le Monde, citant une lettre qu'il a écrite au conseil d'administration. M. Bolloré a déclaré au conseil qu'il était particulièrement préoccupé par la révélation que Nissan avait une liste de 80 dirigeants impliqués dans des opérations financières similaires à celles attribuées à Ghosn. Il a également soulevé des questions au sujet de l'enquête interne sur Ghosn et des problèmes avec la chaîne de décision chez Nissan, affirmant que certains membres clés du conseil d'administration n'étaient parfois pas informés des questions internes, a rapporté Le Monde. Nissan a nié qu'il y ait eu des irrégularités dans son enquête sur les affaires de Ghosn, et a dit que le constructeur automobile avait revu ses processus à la suite de la lettre de M. Bolloré.

Qu'est-ce que Ghosn pourrait obtenir de Nissan ?

L'équipe juridique de Ghosn a déjà soutenu qu'on lui refusait l'accès à de nombreuses données numériques recueillies par les procureurs auprès de Nissan et de ses employés. Les procureurs ont refusé de divulguer 6 000 éléments de preuve en raison des préoccupations exprimées par Nissan, qui craint que ces éléments de preuve ne contiennent des renseignements de nature délicate sur les activités du constructeur automobile ou des renseignements personnels sur ses employés.

Où en est Nissan avec l'après-Ghosn ?

Pas très bien. Le constructeur a annoncé une baisse de 70% de son bénéfice trimestriel en novembre et a réduit ses prévisions pour l'ensemble de l'année à leur plus bas niveau en 11 ans, dans un contexte de baisse des ventes. L'action a chuté de 27% en 2019, sa pire performance annuelle en plus d'une décennie. Elle avait déjà baissé de 22% en 2018. Le constructeur s'est engagé dans un plan de redressement, mais cet effort a été compliqué par l'éviction de Saikawa et, plus récemment, par la démission du cadre Jun Seki, qui avait été chargé de diriger le redressement.

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