Paris (awp/afp) - L'agence de notation Standard & Poor a abaissé vendredi la note de Renault à BBB-, assorti d'une perspective négative, le constructeur automobile français ayant annoncé la semaine dernière une révision à la baisse de ses objectifs financiers pour 2019 en raison d'une conjoncture dégradée.

Cette note, la 10e sur une échelle de 22, constitue le dernier cran avant la chute en catégorie spéculative.

Pour l'agence de notation, BBB- s'applique aux émetteurs de qualité moyenne mais en mesure de faire face à leurs obligations de manière adéquate.

"Renault a abaissé ses objectifs en termes de ventes, de marge opérationnelle et de flux de trésorerie pour l'année 2019, en raison d'une conjoncture de marché au deuxième semestre beaucoup plus compliquée que prévu", explique S&P dans un communiqué.

Rattrapé par la crise mondiale du secteur automobile, Renault avait annoncé la semaine dernière qu'il réduisait sa prévision de chiffre d'affaires pour l'ensemble de l'année, tablant désormais sur "une baisse de 3% à 4%", après avoir initialement anticipé une stabilité.

Il a aussi revu son objectif de marge opérationnelle, prévoyant un chiffre "de l'ordre de 5%", contre 6% auparavant et prévenu qu'il allait abaisser les objectifs de son plan stratégique à moyen terme, moins d'une semaine après le limogeage de son directeur général Thierry Bolloré.

Enfin, vendredi matin, il a dévoilé avoir écoulé 2,79 millions de véhicules lors des neuf premiers mois de l'année, soit une baisse de 6% sur un an.

"Nous estimons que les perspectives de reprise rapide au cours des deux prochaines années sont faibles, car nous prévoyons une faible croissance des ventes mondiales de voitures, une augmentation des coûts réglementaires pour respecter des normes plus strictes en matière d'émissions de gaz d'échappement et une baisse des dividendes tirés de Nissan" dont Renault est le premier actionnaire, affirme S&P.

Pour l'agence, la perspective négative désormais attribuée à Renault reflète "les incertitudes autour de la montée en puissance des modèles électriques de Renault en raison d'une concurrence accrue" dans ce domaine.

Avec environ la moitié de ses ventes hors d'Europe, le groupe français est très exposé aux vents contraires à l'international.

Or l'industrie automobile subit une crise sévère depuis l'été 2018, avec un net recul du marché chinois, le premier mondial, sur fond de tensions commerciales sino-américaines, cumulé à une faiblesse des marchés européen et américain ainsi qu'à un écroulement de la demande dans plusieurs pays émergents.

afp/rp