(Actualisation: précisions et déclarations sur l'avenir capitalistique de l'Alliance)

PARIS/YOKOHAMA (Agefi-Dow Jones)--L'alliance constituée de Renault, Nissan et Mitsubishi a présenté jeudi une série de mesures destinées à renforcer son modèle économique, dont une refonte de son organisation opérationnelle devant consacrer chacun des trois constructeurs automobiles référent d'une zone géographique spécifique.

Réunis jeudi à Yokohama, au Japon, les membres du conseil opérationnel de l'Alliance (COA) ont décidé que Renault serait désormais le constructeur référent de l'Alliance pour l'Europe. Nissan le sera pour la Chine et Mitsubishi pour l'Asie du Sud-Est.

Toujours sur le plan opérationnel, afin d'exploiter pleinement les points forts de chacun des membres de l'Alliance, le COA a convenu que, dorénavant, un constructeur prendrait la tête de l'Alliance pour le développement de chaque technologie, qui sera ensuite partagée à l'ensemble des partenaires.

En Europe, les crédits CAFE - qui récompensent les constructeurs dont les véhicules respectent la réglementation en matière d'émissions polluantes - des trois entreprises seront mis en commun dès cette année.

L'Alliance a également annoncé que Renault développerait et fabriquerait, dans son usine de Sandouville, le véhicule utilitaire léger de Mitsubishi basé sur la plateforme de Renault Trafic qui sera commercialisé en Océanie.

Trois plans stratégiques simultanés vers mai

Le COA a également annoncé que les trois membres de l'Alliance présenteraient leur plan stratégique simultanément, vers le mois de mai.

Sur le terrain de la gouvernance, le COA s'engage à associer "activement" les administrateurs des trois constructeurs aux discussions qui pourraient être organisées pour la conduite des projets futurs. "Ces initiatives permettront de maximiser la collaboration au sein de l'Alliance, tout en préservant l'autonomie de chaque entreprise", a déclaré l'Alliance.

Renault, Nissan et Mitsubishi ont par ailleurs réaffirmé que l'Alliance était "essentielle à la croissance stratégique et à l'amélioration de la compétitivité de chacune d'elles".

Renault détient 43,4% de Nissan, ce qui a contribué à soutenir le bénéfice net du constructeur automobile français dans le passé, mais les activités automobiles des deux industriels ont chacune perdu de l'argent au cours des derniers trimestres. Les deux groupes doivent publier leurs résultats trimestriels à la mi-février.

Priorité à l'industriel, pas aux participations

Le déséquilibre dans la structure actionnariale entre Renault et Nissan a constitué un point de friction dans la relation entre les deux constructeurs. Renault a acquis sa participation majoritaire en renflouant Nissan en 1999, année où l'Alliance a débuté. Nissan détient une participation de 15% dans Renault. De nombreux responsables de Nissan ont déclaré qu'ils préféreraient que Renault réduise sa participation pour corriger ce déséquilibre.

L'année dernière, les entreprises ont tenu des discussions par intermittence sur ce sujet mais il n'est pas prévu que ces conversations reprennent, a déclaré le président du conseil d'administration de Renault, Jean-Dominique Senard, jeudi à l'issue de la réunion du conseil opérationnel de l'Alliance au Japon.

"La priorité est de se concentrer sur le côté industriel de l'Alliance", a-t-il déclaré. "Le reste peut venir plus tard."

"Le cours de Bourse de Renault n'ayant pas réagi à ces annonces, il s'agit d'un non événement", a commenté un analyste. "Le marché attendra de voir si ces décisions sont appliquées et si les trois groupes travaillent réellement ensemble, avant de s'emballer", a-t-il ajouté.

A 16h15, le titre Renault perd 1,8% à 35,50 euros. Il a débuté la séance de jeudi à 35,80 euros.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV - ECH - FXS

(Sean McLain, The Wall Street Journal a contribué à cet article)

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