Le retrait du prospectus de l'IPO devrait permettre à la nouvelle équipe dirigeante de travailler de manière plus confidentielle pour tenter de redresser les finances du spécialiste de la location de bureaux en partage, sans avoir à divulguer autant d'informations que pour une société cotée.

"Nous avons décidé de reporter notre IPO afin de nous concentrer sur notre coeur de métier, dont les fondamentaux restent solides", déclare le nouveau duo de directeurs généraux, Artie Minson et Sebastian Gunningham.

"Nous avons complètement l'intention de faire de WeWork une société cotée et sommes impatients de revenir vers les marchés d'actions à l'avenir", ajoutent-ils.

Cette décision constitue l'épilogue de plusieurs semaines agitées pour WeWork, qui peine à attirer les investisseurs en raison de pertes toujours plus élevées et d'un modèle économique particulièrement exposé en cas de retournement économique, reposant sur des baux de long terme mais des locations d'espaces sur de courtes périodes.

D'après le prospectus de son IPO déposé ce mois-ci, The We Company disposait d'une trésorerie et d'équivalents de trésorerie d'environ 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros) au 30 juin. Si son chiffre d'affaires a été multiplié par deux à près de 1,8 milliards de dollars l'an dernier, ses pertes ont plus que doublé à 1,9 milliards.

L'abandon du projet d'introduction en Bourse va contraindre le groupe à chercher de nouvelles sources de financement alors que son prêt relais de 6 milliards de dollars négocié le mois dernier avec des banques reposait sur le placement d'au moins 3 milliards de dollars d'actions.

D'après deux sources proches du dossier, WeWork envisage de réduire ses effectifs et de ralentir son expansion afin de consommer moins de trésorerie et de réduire sa dépendance à de nouveaux financements.

Le groupe discute d'une levée de fonds auprès d'investisseurs, notamment auprès du japonais SoftBank, qui contrôle près d'un tiers du capital et plaidait pour un report de l'IPO, ont dit les sources.

Lors d'un tour de table auquel a participé SoftBank en janvier, WeWork était valorisé 47 milliards de dollars. Le scepticisme des investisseurs a cependant amené le groupe à envisager récemment une valorisation de seulement 10 milliards de dollars à l'occasion d'une IPO, ont dit des sources à Reuters.

(Anirban Sen; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)

Valeurs citées dans l'article : SoftBank Group Corp., SoftBank Corp