Lausanne (awp/afp) - Alors que l'épidémie du nouveau coronavirus fait planer une incertitude sur la tenue des Jeux olympiques de Tokyo, qui s'ouvrent le 24 juillet, le Comité international olympique, comme depuis 2004, s'est assuré contre un risque d'annulation aux conséquences financières très lourdes.

La première assurance annulation des Jeux olympiques souscrite par l'instance remonte aux JO d'Athènes en 2004, une innovation du président de l'époque, le Belge Jacques Rogge.

Quant au premier Comité d'organisation des Jeux (Cojo) à avoir souscrit une telle garantie, "c'est celui de Moscou en 1980, dans le cadre d'un contrat souscrit auprès de la Lloyd's de Londres", explique le Français Patrick Vajda, expert en risques et assurance du sport chez SIACI Saint Honoré.

Pour les JO de Tokyo, le CIO "est assuré en cas d'annulation des JO comme bon nombre de fédérations internationales", a confirmé un porte-parole. Selon des sources concordantes, le CIO a souscrit auprès d'un groupe de plusieurs compagnies, dont Swiss Re, une assurance dont la prime est d'environ 24 millions de dollars, concernant le risque annulation.

le Cojo aussi

Le contrat de ville-hôte, signé par Tokyo et qui donne au CIO le pouvoir d'annuler les Jeux si "la sécurité des participants est sérieusement menacée", prévoit dans le même temps que le Cojo devra "souscrire une assurance" couvrant "l'ensemble des risques".

Mais interrogés par l'AFP, les organisateurs japonais ne donnent aucun détail, répétant n'avoir "pas évoqué d'annulation des Jeux".

"Les couvertures pour un événement comme les Jeux olympiques sont du sur-mesure", explique M. Vajda, qui a assuré plus d'une dizaine d'éditions. "Le principe est celui de +tout risque sauf+. Tous les risques sont en effet couverts à l'exception de ceux qui sont formellement exclus et dont certains peuvent être rachetés".

"Deux risques principaux peuvent être rachetés: le risque terrorisme et les maladies contagieuses", précise-t-il.

le coronavirus est couvert

Une annulation liée au coronavirus, dont l'épidémie est apparue bien après la signature du contrat d'assurance, sera dès lors couverte.

Mais la couverture de l'annulation des Jeux de Tokyo, qui inclut attentats et tremblement de terre, concentre plus que jamais l'attention à mesure que l'épidémie s'étend. D'autant que les montants en jeu sont énormes.

Les recettes attendues (le montant théorique à couvrir en cas d'annulation), s'élèvent à près de 5 mds USD, provenant essentiellement des droits de télévision, des sponsors et de la billetterie. Ces recettes permettent ensuite de financer les Comités nationaux olympiques, les Fédérations internationales olympiques et le CIO lui-même.

Mais une annulation aurait de très lourdes conséquences car les assurances ne couvriraient pas l'ensemble de ces recettes escomptées. "Le maximum que l'on puisse assurer en annulation est de 1,3 milliard de dollars, voire 1,5 milliard", explique ainsi M. Vajda.

Dès lors, les conséquences seraient graves pour le mouvement olympique, privé d'une grande partie de ressources qui lui permettent de vivre pendant les 4 ans d'une olympiade, même si le CIO a constitué des réserves d'environ 1 md USD pour faire face à une telle éventualité.

Les diffuseurs comme l'américain NBC, s'assurent aussi contre l'annulation, tout comme les partenaires du CIO.

A ce jour, ni les boycotts (en 1980 à Moscou et 1984 à Los Angeles), ni les virus Sras (en 2003) ou zika (avant les JO de Rio-2016) n'ont eu raison du rendez-vous quadriennal.

Seules les guerres mondiales ont entraîné l'annulation des JO prévus en 1916 à Berlin ou en 1940 à Sapporo (hiver) et Tokyo (été), et 1944 à Cortina d'Ampezzo (hiver) et Londres (été).

Loin des conséquences d'une hypothétique annulation des JO, d'un report, ou de Jeux disputés à huis clos pour lesquels il faudrait rembourser les 4,5 millions de billets déjà vendus, les assureurs ont dû couvrir à plusieurs reprises des sinistres liés aux JO.

Ainsi, lors des JO de Moscou, les chaînes de télévision américaines, privées d'athlètes américains, ont-elles été dédommagées. Quatre ans plus tard à Los Angeles, "un sinistre a aussi été déclaré à l'assureur" en raison du boycott soviétique mais il n'a pas donné lieu à paiement car "le Cojo n'a pas pu démontrer une perte financière, les chaînes de télévision américaine ayant fait un tabac du fait de la présence de nombreux athlètes américains dans les finales", explique M. Vajda.

afp/rp