L'action de l'opérateur historique a bondi de 5,97% à 0,72 euro à Milan, sa plus forte hausse quotidienne depuis juillet 2016, les analystes expliquant le mouvement par la perspective d'une amélioration des relations avec Rome qui devrait permettre une revalorisation du groupe en Bourse.

Les analystes de Bernstein écrivent dans une note que cette mesure "obligerait les investisseurs à se poser la question de la décote importante actuellement appliquée à Telecom Italia".

Le groupe romain fait face depuis plusieurs années à la pression de la classe politique, des autorités de régulation et de ses concurrents pour qu'il scinde et modernise son réseau fixe, évalué par les analystes à 15 milliards d'euros.

Les relations entre TIM et Rome ont empiré lorsque Vivendi est devenu son principal actionnaire, avec 24% du capital, puis a commencé à exercer une influence croissante.

Rome s'est octroyé l'an dernier des prérogatives spéciales ("golden power") sur TIM, estimant avoir son mot à dire sur toutes les décisions stratégiques, comme une fusion ou une cession d'actifs, d'une entreprise considérée comme un actif stratégique.

Après avoir présenté le projet au ministre de l'Industrie, Carlo Calenda, Amos Genish a déclaré qu'"à ce stade" TIM serait entièrement contrôlée par TIM, et sa gouvernance permettrait la parité d'accès aux autres opérateurs.

Carlo Calenda a dit que le gouvernement s'était montré "très positif" vis-à-vis du projet.

"C'est une (décision) historique (...) après avoir discuté pendant 20 ans de la nécessité de séparer le réseau et de le gérer de manière équitable pour tous les opérateurs (qui ont besoin) d'y accéder", a déclaré le ministre, tout en ajoutant que Rome examinerait les conditions de cette opération, qui s'annonce "complexe", avec l'Agcom, l'autorité de régulation des communications.

Amos Genish a qualifié de "très positive" la réunion au ministère mais a lui aussi souligné que le projet n'était qu'à un stade préliminaire et devait être examiné par le conseil d'administration.

"Nous avons présenté une hypothèse de séparation juridique du réseau, avec une société ad hoc, et nous pensons la discuter lors du prochain conseil", a-t-il déclaré.

La prochaine réunion du conseil d'administration de Telecom Italia est prévue le 6 mars.

Si le projet est réalisé, il pourrait avoir un impact bénéfique sur le groupe, confronté à une montagne de dette, à de nouveaux concurrents tant en téléphonie mobile qu'en haut débit et à une activité au Brésil qui émerge tout juste du marasme, estiment les analystes.

"Est-ce que la direction cherche à imposer un débat autour de la valorisation? C'est possible. Si c'est le cas, c'est réussi (...), (ce projet) pourrait être l'élement déclencheur d'une réévaluation attendue depuis longtemps par les actionnaires", écrivent les analystes de Bernstein.

(Alberto Sisto et Giulia Segreti, Wilfrid Exbrayat, Claude Chendjou et Juliette Rouillon pour le service français)

par Alberto Sisto et Agnieszka Flak

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Telecom Italia