Zurich (awp) - Face à la tempête économique déclenchée par le Covid-19, les banques suisses vont au-devant de sérieuses turbulences, notamment dans le domaine du crédit. L'agence de notation Standard & Poor's (S&P) prédit un impact à court terme, sans toutefois remettre en cause la robustesse de la place financière helvétique.

La pandémie de Covid va malmener la rentabilité et la qualité des actifs du secteur bancaire, met en garde S&P dans une étude publiée mercredi. Les pertes de crédit constituent le risque principal auquel s'exposent les établissements en Suisse.

L'agence se montre prudente quant à l'évolution du marché hypothécaire helvétique, tout en estimant que la crise du coronavirus pourrait réduire les déséquilibres existant dans le segment des maisons individuelles.

Le ralentissement des prix pour les propriétés par étages soulève quelques inquiétudes, moindres cependant par rapport à l'immobilier de rendement. Dans un contexte de taux bas voire négatifs, ce genre d'investissement reste très couru, générant potentiellement une offre en logements supérieure à la demande.

Les risques de crédit vont augmenter cette année et la prochaine, affirme S&P. Cette hausse est cependant à relativiser car, jusqu'ici, les niveaux étaient historiquement bas en Suisse. Un retour à la normale est attendu en 2022.

Désavantage technologique

Standard & Poor's déplore par ailleurs le retard pris globalement par le secteur en matière de numérisation des activités, les sociétés de technologie financière étant bien parties pour manger la laine sur le dos des banques suisses traditionnelles. Ce "risque de disruption" demeure cependant limité.

L'agence ne prévoit pas de dégrader massivement les notes de crédit des établissements qu'elle suit et qui présentent dans leur majorité une perspectives "stable", dont les géants UBS et Credit Suisse. La Banque cantonale de Genève figure parmi les bons élève avec "positive", tandis que le spécialiste du crédit à la consommation Cembra Money Bank doit se contenter de "négative".

Cet optimisme s'explique par la solidité financière des ménages et des entreprises globalement "à l'épreuve des crises". Les spécialistes de S&P louent les mesures de soutien à l'économie décidées par la Confédération et les cantons.

La pandémie de Covid-19 va causer une récession en Suisse cette année et faire plonger le produit intérieur brut (PIB) de 6,5%. Ce recul est cependant inférieur à celui escompté dans la zone euro, de -7,3%. L'agence de notation prédit une hausse du PIB suisse de 6,3% et 4%, respectivement pour 2021 et 2022, avec un scénario de reprise en forme de U.

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