(Actualisation: nouveau communiqué de Vivendi, cours de Bourse.)

Le projet de rapprochement entre Vivendi (>> Vivendi) et Mediaset (>> Mediaset SpA) dans le secteur de la télévision payante se trouve menacé mardi, le groupe français souhaitant modifier les termes du contrat d'acquisition de Mediaset Premium, au vu de "différends significatifs dans l'analyse des résultats de [la] filiale de télévision payante" du groupe italien.

"Le groupe a fait, hier, une proposition à Mediaset pour trouver un nouvel accord en des termes différents et pour poursuivre les discussions", a déclaré Vivendi dans un communiqué.

Dans un communiqué séparé, la société italienne détenue par Silvio Berlusconi a précisé que Vivendi ne souhaitait plus racheter 100% de Mediaset Premium. Vivendi entend désormais n'acquérir que 20% de la chaîne à péage, et dans trois ans, 15% de Mediaset à travers des obligations convertibles, selon Mediaset.

Dans un communiqué diffusé en début de soirée, Vivendi a confirmé vouloir limiter son investissement dans la chaîne payante à 20% en échange d'une participation plus importante dans le groupe Mediaset. "Cette nouvelle structure permettrait d'aligner pleinement les intérêts des deux groupes", a expliqué le groupe.

Une opération stratégique dans la télévision payante

Selon l'accord conclu en avril, Vivendi et Mediaset devaient échanger des participations croisées de 3,5%. La capitalisation boursière de Vivendi étant environ six fois supérieure à celle de Mediaset, le groupe français devait également obtenir 89% du capital de Mediaset Premium. Le groupe espagnol Telefonica (>> Telefonica SA), qui contrôle les 11% restants de Mediaset Premium, devait vendre sa participation à Vivendi dans le cadre de la transaction.

Cette opération était considérée comme une étape importante du développement de Vivendi dans la télévision payante en vue de concurrencer des groupes comme Netflix.

Revirement inattendu

Le groupe italien a souligné que la nouvelle position de Vivendi était "totalement inattendue" et n'avait fait l'objet d'aucun accord. "Elle est en outre en contradiction évidente avec les engagements pris par Vivendi dans le contrat signé le 8 avril, conclu après des négociations longues et détaillées et avec l'approbation des instances internes compétentes des deux parties".

Un porte-parole de Vivendi a expliqué que le désaccord portait sur "les projections et résultats projetés", mais s'est dit confiant dans la capacité des deux groupes à trouver un accord.

Selon une personne proche du dossier, dans un courrier envoyé le 21 juin à Mediaset, Vivendi s'interrogeait sur la capacité de Mediaset Premium à atteindre l'équilibre en 2017-2018 comme le prévoyait le groupe italien. Cette personne a précisé que les doutes de Vivendi découlaient d'une détérioration des conditions de marché.

Dilution de la holding Fininvest

La valeur de la nouvelle proposition est assez similaire à celle formulée en avril, mais la participation de Fininvest, la holding de la famille Berlusconi, dans Mediaset serait diluée, en passant de 34% à 30% environ.

Dans un communiqué, Fininvest a accusé Vivendi de tenter d'accumuler "une participation extrêmement importante dans Mediaset de manière sournoise et inacceptable".

Le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, a rejeté cette accusation, en ajoutant que les relations avec Mediaset restaient cordiales et que le groupe français espérait toujours établir une alliance stratégique majeure avec Mediaset et Mediaset Premium. "Nous avons proposé une relation encore plus ambitieuse", a-t-il affirmé, en rejetant l'idée que la transaction puisse échouer.

Cependant, le conseil d'administration de Mediaset, qui adoptera une position officielle sur la proposition de Vivendi lors de la réunion prévue jeudi pour l'approbation des comptes du premier semestre, semble peu susceptible de se laisser convaincre par cette offre. "Mediaset est totalement déterminé à revendiquer et protéger ses droits et intérêts par tous les moyens et en tout lieu appropriés", a déclaré le groupe italien.

"L'accord conclu avec Vivendi était et est toujours contraignant et ne prévoit pas de modifications", a ajouté Marco Giordani, le directeur financier de Mediaset, à la chaîne de télévision Class CNBC. Il a toutefois ajouté être ouvert à un nouvel accord "égal" ou supérieur à celui d'avril.

Chute du titre Mediaset à Milan

Cette annonce constitue un revers pour Mediaset, dont la branche de télévision payante est déficitaire depuis des années. Mardi, l'action du groupe italien a chuté de 6,9%, à 3,01 euros, à la Bourse de Milan, tandis qu'à Paris, le titre Vivendi a clôturé en hausse de 0,1%, à 17,39 euros.

"Il s'agit d'un coup très dur pour Mediaset à un moment où l'avenir de l'entreprise semblait plus assuré", note l'analyste Paolo Pescatore, chez CCS Insight.

"On dirait qu'ils [Vivendi] réalisent un audit préalable et se posent des questions sur un certain nombre de points", observe l'analyste de Kepler, Conor O'Shea. "Cet accord semblait fou. Que l'on souhaite investir en Italie, c'est très bien, mais pourquoi assumer 100% des pertes de Mediaset Premium ?"

-Ambroise Ecorcheville, Deborah Ball, et Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@wsj.com ed: ECH - TVA

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Telefonica SA, Mediaset SpA