Francfort (awp/afp) - Le moral des entrepreneurs allemands a reculé en juin à 101,8 points, contre 102,3 points le mois précédent, sans toutefois s'effondrer sous le poids des tensions commerciales, selon le baromètre Ifo publié lundi.

Basé sur le sondage d'environ 9.000 entreprises, cet indicateur très suivi, qui permet d'avoir un avant-goût de l'activité économique dans les mois à venir, est ressorti légèrement au-dessus des attentes (101,6 points) des analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset.

"L'économie allemande a un peu moins le vent en poupe", constate Clements Fuest, le président de l'institut Ifo, cité dans un communiqué.

En données corrigés des variations saisonnières, les entrepreneurs regardent la situation actuelle moins favorablement que le mois dernier (105,1 points contre 106,1 points en mai). Les attentes pour les six prochains mois sont cependant stables, à 98,6 points.

Tous ces chiffres tiennent compte d'une récente révision de la méthodologie de calcul des indices produits par l'institut. Le panel des entreprises interrogées comprend désormais les entreprises de services, qui s'ajoutent au secteur de l'industrie.

Les chiffres du moral pour mai sur la situation actuelle et les attentes, ont également été corrigés à la hausse de 0,1 point par rapport à une première estimation de l'Ifo publiée le 25 mai.

"Avec six baisses en sept mois, l'indice Ifo du jour s'ajoute aux préoccupations sur les perspectives de croissance en Allemagne", estime Carsten Brzeski, économiste chez ING.

"Cela aurait pu être pire", nuance de son côté Uwe Burkert, économiste à la banque régionale LBBW.

"Le recul modéré nous donne l'impression que l'analyse selon laquelle nous assistons à un ralentissement de l'économie, et non pas à une récession, semble être la bonne", ajoute M. Burkert.

Si M. Brzeski estime que le scénario le plus probable pour l'Allemagne est une "croissance moins rapide, soutenue néanmoins par le marché de l'emploi", l'expert note que "le nombre de nuages sombres dans le ciel de l'économie allemande augmente".

"Les plus grands facteurs à risque sont les tensions commerciales grandissantes, les prix élevés du pétrole, et les turbulences en politique intérieure", ajoute l'expert.

L'Allemagne souffre déjà des tensions commerciales entre Washington et ses principaux partenaires. Celles-ci ont poussé plusieurs instituts à revoir à la baisse récemment leurs prévisions de croissance.

Parmi eux, l'Ifo table sur 1,8% de croissance du PIB pour 2018 et 2019, loin des 2,6% et 2,1% annoncés il y a quelques mois encore.

afp/rp