Buenos Aires (awp/afp) - L'Argentine a enregistré en janvier une inflation de 20,6%, tenace à un niveau élevé comme anticipé dans la foulée des premières mesures d'austérité du gouvernement ultralibéral de Javier Milei, qui après deux mois salue pourtant une décrue.

L'indice de janvier, publié mercredi par l'Institut national de la statistique (Indec), marque un tout relatif ralentissement de la hausse des prix, après les 25,5% de décembre. L'inflation atteint 254,2% sur un an.

L'Argentine, troisième économie d'Amérique latine, avait bouclé l'année 2023 à 211,4% d'inflation, niveau sans précédent depuis plus de 30 ans.

Javier Milei avait lui-même anticipé une inflation élevée pour les premiers mois de son gouvernement, contrecoup d'une thérapie de choc dès décembre, "mesures d'urgence" pour dompter le déficit budgétaire: une dévaluation de 50% du peso, prix libérés, et baisses de subventions aux transports publics, à l'énergie notamment.

De fait, les transports (+26,3%) mais aussi les biens et services (+44,4%) ont tiré les prix vers le haut en janvier.

Le premier mois de l'année étant celui de grandes vacances, traditionnellement "compliqué" pour les prix, le chef de l'Etat avait même estimé qu'un indice autour de 20%, inférieur à décembre, serait en fait à "célébrer". Car cela montrerait selon lui une inflexion de la dynamique hyperinflationniste héritée du gouvernement péroniste (centre-gauche) précédent.

"Avec ce que nous faisons sur les plans budgétaire, monétaire et du taux de change, nous sommes en train de baisser l'inflation" a-t-il diagnostiqué il y a quelques jours.

Depuis son élection fin novembre, Javier Milei répète à l'envi qu'il n'y "pas d'alternative" à l'austérité, même si les choses "vont empirer" dans un premier temps, avec une "stagflation" (stagnation de l'activité combinée à une inflation élevée) en 2024.

Il a aussi estimé à plusieurs reprises que l'inflation pourrait être maîtrisée d'ici "12 à 24 mois".

"Elle baisse déjà", a affirmé la semaine dernière le ministre de l'Economie Luis Caputo, prédisant un indice de 20% en janvier, et une baisse continue en février puis mars. "Cela veut dire que l'outil budgétaire est en train de fonctionner", analysait-il, annonçant "un second semestre beaucoup plus calme".

Pour ces raisons, le ministre a dédramatisé le revers récent au Parlement du projet de lois dérégulatrices de Javier Milei. "Cela n'affecte en rien notre programme économique, notre engagement à stabiliser les comptes budgétaires (...) c'est distinct du projet de loi".

L'économiste Hernan Lechter, du Centre d'Economie politique argentine, rappelle à l'AFP que les salaires ont augmenté "d'un peu moins de +9% en décembre, près de 15% en janvier, soit bien en deçà de l'inflation. Il n'y a pas grand-chose à célébrer".

afp/rp