PARIS (awp/afp) - Les marchés actions devraient se maintenir à leurs niveaux actuels, se gardant bien de prendre des paris hasardeux à l'approche de la fin de l'année sur fond de nouvelles contrastées dans le conflit commercial.

"Sauf grosse nouvelle, on est plutôt dans une fin d'année attentiste. Les marchés devraient rester à peu près sur leurs niveaux actuels", observe Olivier Pauchaut, directeur chez Bryan Garnier, interrogé par l'AFP.

"Beaucoup de gérants vont expédier les affaires courantes dans les semaines qui restent. Ceux qui ont fait une performance correcte ne vont pas prendre de risques démesurés et pour ceux qui ont un peu raté leur année, c'est un peu tard pour se reprendre", souligne-t-il.

Selon lui, "s'il n'y a pas de grosses nouvelles structurantes sur le commerce ou la situation à Hong Kong, on risque d'avoir une semaine prochaine sans grande direction".

Vingt mois après le début des hostilités commerciales entre les deux premières puissances économiques mondiales, les discussions sino-américaines peinent visiblement à trouver un épilogue salutaire.

D'un côté, l'administration américaine a prolongé cette semaine l'autorisation aux entreprises américaines de traiter avec Huawei en lui fournissant des produits non sensibles sur le plan de la sécurité nationale.

De l'autre, elle menace d'imposer de nouvelles sanctions commerciales aux produits chinois le 15 décembre si un accord "préliminaire" n'est pas trouvé d'ici là. Et en adoptant un texte appelant à protéger les droits humains à Hong-Kong, les États-Unis "mettent un peu la pression et vu de Pékin, c'est hyper crispant et de nature à tendre les relations", note M. Pauchaut.

Par conséquent, le marché a, selon lui, "plutôt le sentiment cette semaine de s'éloigner d'un accord", bien que le président Trump voit une "très bonne chance" d'en officialiser partiellement un prochainement, la même rengaine depuis le mois dernier.

Sans croire à un accord global qui devrait prendre des années, les investisseurs continuent de miser sur un possible compromis partiel avant la fin de l'année.

Pour Nannette Hechler-Fayd'herbe, directrice des placements de Credit Suisse International Wealth Management, "en cas de mini-accord commercial, le marché pourrait continuer ses belles performances, mais si l'attente d'un accord s'éternise et que les rendements obligataires continuent à augmenter", la consolidation pourrait se matérialiser.

Un marché en décalage avec la réalité

Même si le marché est "en route pour terminer sur de très belles performances", il n'empêche que cette trajectoire ne "reflète pas du tout la réalité économique", souligne-t-elle.

M. Pauchaut abonde, évoquant "énormément de raisons d'être prudents devant un risque de retournement".

"On est sur un cycle le plus long de l'histoire" et "historiquement, plus il avance, moins les performances sont bonnes", prévient-il, s'interrogeant lui aussi "sur la cohérence entre le niveau de certaines classes d'actifs et la réalité économique".

Les signes sont sans équivoque avec une croissance mondiale qui ralentit, la fébrilité de l'activité privée en zone euro, où l'Allemagne a échappé de peu à une entrée en récession au troisième trimestre.

Dans ce contexte, la publication par le Conference board mardi des chiffres de la confiance des consommateurs américains en novembre, principal moteur de la croissance aux États-Unis, et les prochaines données sur l'inflation seront essentiellement surveillés.

"Le centre d'intérêt va graviter autour de l'inflation comme source de remontée des taux", estime Mme Hechler-Fayd'herbe.

Dans sa première communication officielle en tant que nouvelle présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde a fait valoir que "la politique monétaire pourrait atteindre son objectif (d'inflation) plus rapidement si d'autres politiques soutenaient la croissance".

Elle donne ainsi l'impression qu'"elle passe la balle à la politique budgétaire", dans la mesure où "la politique monétaire a fait tout ce qu'elle pouvait" pour soutenir l'économie, souligne M. Pauchaut.

Enfin, outre-Manche, les investisseurs surveilleront la suite de la campagne avant les élections du 12 décembre. Le marché britannique estime qu'une victoire conservatrice serait le meilleur moyen pour valider l'accord de Brexit et sortir de l'UE fin janvier, ce qui permettait de réduire l'incertitude à court terme.

pan-bur/abx/soe/nas