Le Japon, le nouvel eldorado des banques ? 

Le regain d'intérêt des investisseurs pour les marchés japonais et la florissante économie de l'archipel ne se dément plus. Chez les patrons de banque, on l'a aussi remarqué. De passage à Davos, Ted Pick, nouveau PDG de Morgan Stanley, a souligné le potentiel de croissance du pays, où l'institution a récemment renforcé ses activités, et les opportunités qu'il sera bon de saisir dans la gestion de patrimoine et la banque d'investissement, dès que la BoJ en aura fini avec sa politique de taux zéro. 

Richard Gnodde, PDG de Goldman Sachs, lui a emboîté le pas, mentionnant le retour de l'inflation dans le pays (avec des décennies de déflation) comme source d'opportunités et comme potentiel déclencheur d'une politique monétaire moins accommodante. 

 

Bâle III, le caillou dans la chaussure 

L'autre sujet chaud de la station helvète, c'est Bâle III. Les propositions visant à renforcer la réglementation dans le secteur bancaire agacent énormément le secteur bancaire. On s'accorde donc à émettre des réserves sur leur bien fondé.  C'est l'éventuelle augmentation de 20% du capital réglementaire, jugée excessive, qui cristallise les tensions de Brian Moynihan, PDG de Bank of America et de Richard Gnodde, PDG de Goldman Sachs. Ces derniers avancent qu'elle réduirait la capacité des banques à octroyer des prêts, de plusieurs centaines de milliards de dollars (rien que ça), et qu'en pâtiraient en premier lieu les prêts hypothécaires et aux PME. Ils prônent donc la poursuite du dialogue avec ceux qui dessinent les futures règles.

L'Inde, le challenger

L'autre pays qui fait parler de lui à Davos, c'est l'Inde. Goldman Sachs la surveille d'un coin de l'œil, pendant que Standard Chartered (qui se dévoue aux pays émergents), l'investit lourdement. Bill Winters, DG du-dit prêteur, y anticipe une fabuleuse croissance économique de 7% dans les années à venir. 

Il est, sans surprise, rejoint par les ambassadeurs locaux : Amitabh Chaudhry, PDG d'Axis Bank, l'une des plus grandes banques du sous-continent, même s'il reste plus prudent sur l'objectif de croissance, et Dinesh Khara, président de la State Bank of India (SBI), qui souligne la capacité de la nation à atténuer les risques émergents.

Le premier, s'il mentionne la concurrence avec son grand voisin chinois, estime que le retour de la croissance en Chine est avant tout un moteur pour l'Inde, tout comme les partenariats commerciaux à l'échelle mondiale. Il est moins confiant que son homologue sur la capacité du pays à échapper aux turbulences mondiales, notamment en raison de l'importance des exportations pour le PIB du pays l'Inde.

Et nos Européennes dans tout ça ? 

C.S. Venkatakrishnan, PDG de Barclays, n'avait pas grand chose à dire, en dehors de rappeler que son institution est la première banque d'investissement domiciliée hors des États-Unis, et son enthousiasme pour l'économie britannique. On dirait les Tory tentant de convaincre des bienfaits du Brexit. 

Christian Sewing, de Deutsche Bank, avait, en revanche, des informations pertinentes à nous donner. 70% du financement des PME allemandes provient de prêts bancaires. Cette dépendance aux banques est d'autant plus flagrante lorsqu'on la compare au système américain, où seuls 25 à 30% des financements sont le fait des prêts bancaires, le reste étant financé par les marchés de capitaux. 

Selon lui, cette faiblesse du système sera palpable lorsqu'il s'agira de financer les  technologies émergentes (IA) et les pratiques ESG, que les banques et les pouvoirs publics ne sauront soutenir seuls. Il plaide donc pour la création d'une Union des Marchés de Capitaux (UMC) dans l'Union européenne.

Perspectives des marchés financiers

Côté bourse,Richard Gnodde, PDG de Goldman Sachs, anticipe une certaine frilosité en termes de M&A et d'IPO en 2024. 

En matière de performances des entreprises cotées, Ron Kruszewski, PDG de Stifel Financial, prévoit une hausse des bénéfices des entreprises d'environ 11 %, mais il met en garde contre des valorisations excessives, notamment dans la tech, portées au Zénith par les attentes agressives sur les baisses de taux d'intérêt,  un risque si ces baisses ne se concrétisaient pas.