Londres (awp/afp) - Le géant des paris britannique Entain va devoir payer une amende de 17 millions de livres (près de 20 millions de francs suisses), un record selon la Commission britannique des jeux, pour entorses "inacceptables" à la réglementation de lutte contre le blanchiment d'argent et l'addiction.

Le gendarme du florissant secteur de paris au Royaume-Uni avertit qu'en cas de récidive Entain pourrait perdre sa licence d'exploitation.

D'après un communiqué de la Commission mercredi, l'amende vise à la fois les sites de paris en ligne du groupe, comme Ladbrokes.com ou coral.co.uk, très populaires au Royaume-Uni, et les quelque 2746 boutiques de jeux de l'enseigne Ladbrokes dans le pays.

L'enquête de la Commission des paris a révélé "des manquements inacceptables à la réglementation de lutte contre le blanchiment d'argent et de sécurité des paris", note son directeur général Andrew Rhodes, soulignant que cela avait donné lieu à la plus importante mesure punitive jamais prise par cet organe de régulation.

L'addiction au jeu au Royaume-Uni est telle qu'elle a été qualifiée de "problème de santé publique", en particulier chez les jeunes.

"Les opérateurs (du secteur des jeux d'argent) doivent se souvenir qu'ils ne doivent jamais placer les considérations commerciales au-dessus du respect" des lois, ajoute M. Rhodes, précisant que c'est la deuxième fois qu'Entain est ainsi épinglé.

Il avertit que de nouvelles infractions sérieuses "feront du retrait de leur licence d'exploitation une possibilité très réelle".

La Commission fustige notamment Entain pour "avoir été très lente à interagir, ou n'avoir pas interagi du tout avec certains clients" présentant des risques d'addiction ou de surendettement dans leurs comportements de jeux, notamment des usagers qui ont fait des paris la nuit pendant 18 mois et dépensé des dizaines de milliers de livres.

Une réforme de la réglementation, qui date d'avant l'ère des jeux en ligne, traine en longueur au Royaume-Uni.

Les grands groupes du secteur, souhaitant éviter une ingérence gouvernementale, affirment avoir pris le problème en main et mis en place leurs propres systèmes d'autorégulation et de détection des comportements à risque.

Sur la question du blanchiment d'argent, un client a pu déposer 742.000 livres en 14 mois sans faire l'objet de vérifications appropriées de l'origine des fonds, et un autre qui vivait dans un HLM a pu déposer 186.000 livres en six mois sur un compte sans également faire l'objet de vérifications, entre autres cas similaires.

L'action reculait de 3,31% à 1360 pence à la Bourse de Londres vers 10H25 GMT.

afp/jh