Paris (awp/afp) - Le marché de la dette européen s'est nettement détendu jeudi, accueillant favorablement le fait que la Banque centrale européenne n'ait pas envoyé de signaux laissant augurer d'un resserrement monétaire.

"Le marché retient surtout l'idée que, compte tenu de l'abaissement des prévisions d'inflation, la politique de la BCE ne va pas changer" et c'est ce qui explique la large détente du jour, a souligné auprès de l'AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France.

L'institution, qui s'est réunie exceptionnellement à Tallinn, en Estonie, a opté jeudi pour le statu quo monétaire.

Elle s'est montrée confiante concernant les perspectives en matière de croissance, en estimant que les risques étaient "désormais globalement équilibrés" et elle a d'ailleurs revu légèrement à la hausse ses prévisions.

Elle a néanmoins parallèlement révisé à la baisse ses projections d'inflation, même si son président a bien insisté sur le fait qu'en la matière, "rien n'avait changé substantiellement".

Il a également réaffirmé que les 60 milliards d'euros d'achats d'actifs mensuels se poursuivraient jusqu'à fin décembre 2017 "ou au-delà si cela est nécessaire" et qu'aucun plan de sortie de ce programme n'avait été débattu.

ETAPE D'APRÈS

Pour M. Bourguignon, outre les changements dans les prévisions économiques tant en matière d'inflation que de croissance, cette réunion a été marquée par "deux changements majeurs dans le discours".

Le premier concerne les taux directeurs, pour lesquels l'institution a fait savoir qu'elle n'envisageait plus de baisse supplémentaire, et le deuxième a trait aux risques, désormais considérés comme "équilibrés", a noté l'expert.

Selon lui, même si M. Draghi a affirmé que l'éventualité d'un resserrement n'avait pas été abordée, ces deux inflexions "préparent quand même le terrain à l'étape d'après", c'est-à-dire l'annonce d'un début de réduction du programme de soutien en 2018.

"Le marché obligataire se concentre surtout sur la baisse de l'inflation et ne semble pas croire à un scénario moins généreux sur le programme de rachat d'actifs, pourtant la BCE n'a pas du tout fermé la porte à une approche moins accommodante", a-t-il ainsi nuancé, d'autant que M. Draghi a répété plusieurs fois que, sur le plan de l'inflation, le scénario n'avait pas changé fondamentalement.

Les investisseurs ont également surveillé le scrutin législatif britannique mais les premières estimations des résultats ne seront connues que dans la soirée.

L'audition devant le Sénat américain de James Comey, l'ancien directeur du FBI limogé par le président Donald Trump, sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle américaine de 2016, a également été un grand sujet d'attention pour le marché, même si son impact n'a pas été sensible sur les taux d'emprunts européens. Au moment de la clôture des marchés européens, l'audition était toujours en cours.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a reculé à 0,256% contre 0,269% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a connu une tendance similaire pour finir à 0,646% contre 0,694% et le mouvement a été encore plus prononcé pour celui de l'Espagne à 1,476% contre 1,568% et celui de l'Italie à 2,178% contre 2,300%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à dix ans a clôturé à 1,033% contre 1,001%.

A la fermeture des marchés européens, aux États-Unis, le taux à dix ans montait à 2,195% contre 2,173%. Celui à trente ans évoluait à 2,849% contre 2,837%, tandis que le taux à deux ans s'établissait à 1,318% contre 1,306%.

afp/buc