Paris (awp/afp) - S'appuyant sur la moindre nouvelle positive, à commencer par un rebond du pétrole, les indices européens maintenaient le cap au vert mardi, en dépit d'une séance disparate en Asie et des inquiétudes toujours très profondes liées au coronavirus.

Alors que le bilan de la pandémie ne cesse de s'alourdir, avec près de 37.000 morts dans le monde, et une progression très rapide aux États-Unis, les investisseurs se concentraient sur la perspective de voir enfin, après trois semaines, les résultats du confinement en Italie, pays le plus touché, ainsi qu'en Espagne.

"Les investisseurs voient la courbe s'inverser en Italie et en Espagne. Ce sont des statistiques bien sinistres à suivre, mais elles offrent un mince espoir de voir les politiques de confinement prendre fin", observe Jasper Lawler, analyste de London Capital Group.

Et la hausse était au rendez-vous sur le Vieux continent mardi matin.

Vers 10H00 (08H00 GMT) Paris prenait 1,73%, Francfort 2,15% et Londres 2,32%. Milan montait de 1,83% et Madrid de 1,63%.

En Asie, les indices ont pour leur part évolué en ordre dispersé, Tokyo lâchant ses gains de la veille (-0,88%), inquiet d'un possible confinement de la capitale japonaise.

Les Bourses chinoises ont par contre profité de la remontée surprise de l'activité manufacturière en Chine en mars, même si la Banque mondiale redoute une croissance zéro pour la deuxième économie mondiale.

Le rebond du pétrole apportait aussi un peu d'air aux marchés, après avoir touché un plus bas en 18 ans lundi soir, lesté par la chute de la demande liée aux coronavirus et la guerre des prix entre les producteurs.

Mais les mesures de relance prises par les États et les discussions entre le président américain Donald Trump et son homologue russe lundi soir semblaient apporter un peu de soulagement.

L'euro continuait à faiblir face au billet vert, tandis que le marché de la dette ne se départait pas de son flegmatisme des derniers jours, largement abreuvé par la générosité des banques centrales.

La clé du temps

Des facteurs techniques semblaient également à l'oeuvre sur les marchés européens en cette fin de trimestre, moment où les investisseurs procèdent traditionnellement à des arbitrages entre leurs différents investissements.

"En cette dernière séance du mois, il n'est pas impossible que les investisseurs confirment leur retour sur les marchés actions, à la faveur de réallocations dans les portefeuilles", relève ainsi Tangi Le Liboux, un stratégiste du courtier Aurel BGC.

Mais la clé pour permettre un rebond solide et prolongé restait dans la durée du confinement.

"Tant qu'il y a une fin en vue de la paralysie de l'économie, les marchés peuvent continuer à se stabiliser", analyse M. Lawler, mais "le plus grand risque est de voir le confinement s'étendre au mois de mai puis à l'été. Et c'est là que des faillites à grande échelle dans les secteurs liées aux voyages et au tourisme peuvent se produire".

A court terme, "la volatilité devrait baisser sur les marchés, qui vont continuer de tenter d'évaluer la facture économique de la pandémie", estime pour sa part M. Le Liboux. Mais "un rebond rapide de l'économie mondiale paraît hors de portée d'ici la fin du premier semestre".

"Si les États-Unis arrivent au pic de l'épidémie d'ici deux ou trois semaines, un autre mois supplémentaire sera nécessaire avant de commencer à relâcher les efforts, puis la reprise économique promet d'être laborieuse, avec des chaines d'approvisionnement en souffrance et des consommateurs sans doute hésitants dans un premier temps", développe-t-il.

Et ajoute-t-il, "les plans de soutien vont permettre d'éviter des faillites, mais la hausse du chômage paraît inéluctable".

afp/al