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(Easybourse.com) Selon vous, quelle est la problématique centrale des marchés actions en 2008 ?
Nous assistons, suite à la crise, à un changement radical des allocations d'actifs. Si nous considérons les indices de perception du risque que nous construisons, le niveau d'aversion au risque est considérable.
De ce fait, nous avons assisté à un rapatriement important des liquidités de la part des investisseurs vers des actifs décorélés des endroits dont on pense que les risques pourraient provenir : les subprimes, les valeurs bancaires, les États-Unis, le Japon.

Cette tendance ne nous semble pas durable. Il nous semble difficile de penser que la liquidité mondiale, qui continue d'augmenter de 15 % par an, sera durablement investie en blé, en soja, en actions indiennes ou en taux à deux ans.

Nous aurons à un certain moment un retour aux fondamentaux.

Comment, dans un tel contexte, faire une évaluation des fondamentaux en termes de rendement/risque ?
Nous avons tenté de faire des prévisions en termes de sharpe forward pour un certain nombre de classes d'actifs en tenant compte de la rupture possible sur les rendements et de la rupture possible sur les niveaux de risque.

Si nous considérons les obligations triples A, nous observons une corrélation importante avec l'aversion au risque. Nous avons un véritable retour sur cette valeur refuge. Parallèlement nous constatons une forte augmentation de la volatilité.

De ce fait, cette classe d'actifs est a priori à déconseiller, car si nous avons une correction de l'aversion au risque en cours d'année, nous aurons certainement une correction de la courbe des taux particulièrement sur les segments à deux, trois et quatre ans.

Si nous nous intéressons au crédit, nous avons actuellement une forte détérioration du marché aussi bien dans l' investment grade que dans le high yield. Nous pensons que le ralentissement de la croissance, aussi importante soit-il, ne rompra pas la croissance des profits.

En effet, comme en 2001, nous avons une productivité des entreprises qui repassent au-dessus de l'augmentation des salaires, notamment en raison du ralentissement de l'économie.

Cette décorrélation entre l'évolution baissière de la croissance et l'évolution à la hausse des résultats amène à penser que le marché du crédit peut constituer une bonne solution. Les spreads étant largement au-dessus des spreads d'équilibre.

L'investment grade et le high yield seront à distinguer de part la volatilité. Nous préférons pour le moment davantage les crédits ou les structurés de crédit investment grade. Nous mettons  principalement l'accent sur les grandes capitalisations.

Enfin, si nous regardons les actions hors valeurs mobilières et hors valeurs financières, il nous semble que les returns resteront à des niveaux corrects, notamment parce que les PER sont bas. Nous sommes donc favorable sur cette classe d'actifs, en dépit de la forte volatilité.
 
Que pensez-vous des deux classes d'actifs à la mode en ce moment : les commodities et les actions des marchés émergents ?

Nous anticipons, au moment où nous connaîtrons un retournement global, une correction sur les matières premières.

Nous observons de véritables effets de liquidités et de positionnement des fonds.
Il n'y a aucun moyen de rationaliser un prix du pétrole à 100 dollars le baril.

Nos anticipations sont très négatives sur les marchés émergents. Nous pensons que cette thématique est davantage liée à une affaire de flux de capitaux de non-résidents qu'à des fondamentaux.
En outre, nous avons une volatilité très importante sur ce marché.

L'environnement vous semble-t-il favorable aux fonds alternatifs et notamment aux hedge funds ?
Absolument, et ce aussi bien en terme de volatilité qu'en termes de performances.  Il y a plus de dispersions, plus de perturbations, et il y a la possibilité de faire de la valeur relative de croissance.

Ainsi, si nous devions classer les différentes classes d'actifs dans l'ordre des sharpes fondamentaux prévisionnels, nous avons : le trading investment grade,  les actions européennes, le trading high yield, les hedge funds, et dans les plus mauvais : les commodities et les actions des marchés émergents. Comment faire basculer les portefeuilles dans cette hiérarchie alors que l'année du subprime est  l'année 2008 et que nous pouvons nous attendre à avoir le maximum de défauts  cette année ?
Je pense que nous aurons un retournement complet de la logique d'investissement après que nous aurons purgé les mauvaises nouvelles : concernant les résultats des banques au quatrième trimestre, la poursuite de la chute de l'immobilier aux Etats-Unis d'encore 7 à 8 %, les baisses des masses salariales puisque les entreprises ajustent leur productivité, la diminution de la croissance anglaise et de la croissance espagnole…

Propos recueillis par Imen Hazgui à l'occasion de la 5ème édition de la conférence annuelle organisée par OFI AM intitulée cette année « Desperate Mister Alpha » dont vous pourrez retrouver les slides de présentation à l'adresse suivante : http://www.conferenceofi.ofi-am.fr/>http://www.conferenceofi.ofi-am.fr

- 15 Janvier 2008 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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