Pékin (awp/afp) - L'inflation en Chine est restée stable en avril, en dépit de l'envolée des tarifs du porc à des niveaux record, tandis que la chute des prix à la production ralentissait, un signal encourageant pour l'activité industrielle, selon des chiffres officiels publiés mardi.

La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation dans la deuxième économie mondiale, s'est établie le mois dernier à 2,3% sur un an, au même niveau que les deux mois précédents, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS).

Les légumes frais se sont renchéris de 22,6% sur un an, tandis que les prix du porc -- la viande favorite des tables chinoises -- explosaient: ils étaient en moyenne 33,5% plus élevés le mois dernier qu'en avril 2015.

A elle seule, cette flambée de la viande la plus consommée dans le pays "a entraîné une hausse d'environ 0,75 point de pourcentage de l'indice des prix à la consommation", selon le BNS.

Pour alléger cette pression, douze gouvernements locaux -- dont la municipalité de Pékin -- ont puisé dans leurs réserves de viande de porc congelée pour accroître l'offre disponible sur le marché, débloquant depuis début décembre environ 150.000 tonnes au total, a rapporté début mai l'agence Chine nouvelle ...mais sans enrayer la fièvre des cours.

Pour les analystes du cabinet Capital Economics, toutefois, les prix du porc ne devraient pas poursuivre leur envolée, et l'inflation chinoise devrait désormais "rester autour de son niveau actuel sur le reste de l'année". Pékin s'est fixé un niveau-cible d'"environ 3%" pour l'ensemble de 2016.

- Fragilité financière et croissance en "L" -

De son côté, l'indice qui mesure l'évolution des prix à la vente à la sortie d'usine (PPI), s'il a certes reculé en avril (-3,4% sur un an), enregistre là sa meilleure performance depuis décembre 2014.

L'indice, en baisse pour le 50e mois consécutif en glissement annuel, modère en effet nettement son repli par rapport à mars (-4,3%) et février (-4,9%), signe réconfortant sur la demande en pleine morosité économique.

Cette modération "est largement due au rebond des prix des matières premières comme à un taux d'utilisation accru des capacités de production", observait Yang Zhao, analyste de la banque Nomura.

Une tendance qui reflète selon lui "une progression plus robuste des investissements en capital fixe", alors que Pékin renforce les dépenses publiques dans les infrastructures en vue de stimuler l'activité.

La Chine est engagée dans un ambitieux rééquilibrage de son modèle économique vers le marché, la consommation intérieure et les services -- mais la transition s'avère douloureuse et chaotique.

La croissance chinoise a glissé à 6,7% au premier trimestre, accentuant son ralentissement après être tombée en 2015 au plus bas depuis un quart de siècle -- poussant les autorités à intensifier leurs mesures de relance budgétaire, après de multiples assouplissements monétaires.

Cependant, l'embellie du PPI et la fragilisation du système financier -- sur fond d'envolée de la dette et de la montée des créances douteuses -- pourraient conduire le gouvernement "à adopter une politique monétaire plus prudente" et à tempérer ses efforts de relance, a averti Yang Zhao, de Nomura.

Même les médias d'Etat évoquent désormais un tassement économique: la Chine connaîtra probablement une croissance "en forme de L", plutôt qu'en "U" ou en "V" (qui supposent une accélération de l'économie), a ainsi expliqué lundi le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste, citant une "source ayant autorité".

Selon cette dernière, cette évolution en "L" "ne prendra pas fin dans un ou deux ans", en raison d'une demande terne et du problème persistant des colossales surcapacités industrielles.

afp/rp