Washington (awp/afp) - Le G7 a promis mardi d'utiliser "tous les instruments" nécessaires pour soutenir une économie mondiale paralysée par le nouveau coronavirus, dont la propagation anesthésie la planète entière, jusque dans les moindres gestes de la vie courante.

Le texte était attendu avec impatience par les marchés financiers, qui ont connu la semaine dernière une curée inédite depuis 2008 : "Les ministres des Finances du G7 sont prêts à agir, y compris à prendre des mesures budgétaires si c'est approprié, pour (...) soutenir l'économie", selon un communiqué diffusé à la suite d'une conférence téléphonique des plus puissants argentiers - ministres et chefs des banques centrales - du monde.

Pas d'engagement en revanche à dégainer l'arme monétaire, ce sur quoi spéculent certains investisseurs. Les responsables des banques centrales des pays du G7 -qui regroupe la plupart des plus riches Etats de la planète-, se contentent, dans le communiqué, de "soutenir la stabilité des prix et la croissance économique tout en maintenant la résilience du système financier".

Les Bourses européennes s'en contentaient, s'affichant dans le vert mardi autour de 13H45 GMT, tandis que Wall Street a ouvert en petite hausse.

3.127 décès

Rien ne dit en effet que l'engagement du G7 suffira à réveiller une économie mondiale qui ralentit au fur et à mesure que la maladie se diffuse : plus de 92.000 cas au total désormais, dont 3.127 décès, 77 pays et territoires touchés, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles mardi à 11H00 GMT.

L'épidémie semble certes faiblir en Chine, où des mesures de quarantaine draconiennes visent plus de 50 millions de personnes depuis fin janvier. Mais la province orientale du Zhejiang (est) a annoncé qu'une huit Chinois de retour d'Italie étaient porteurs du virus, confirmant les craintes d'une recontamination du pays, cette fois par l'extérieur.

Et la propagation s'accélère hors de Chine, dans des pays déjà touchés comme la Corée du Sud - 5.186 cas, dont 28 décès - ou en allumant de nouveaux foyers, comme en Arabie saoudite, qui a signalé lundi un premier cas.

Il s'agit d'une personne testée positive après son retour d'Iran, où l'on recense désormais le plus grand nombre de décès liés à la maladie après la Chine (77 morts).

L'Union européenne a relevé son évaluation du risque au niveau "modéré à élevé". Les ministres de la Santé de l'UE auront une "réunion extraordinaire" vendredi à Bruxelles.

En Italie, Etat le plus touché d'Europe, la barre des 50 morts a été franchie et plus de 50.000 habitants sont en quarantaine dans une "zone rouge".

Le pape testé négatif

Le pape François, souffrant d'un "rhume" qui le fait tousser, a toutefois été testé négatif au nouveau coronavirus, selon le Vatican.

En France, environ 120 établissements scolaires sont fermés, a fait savoir le ministre de l'Éducation nationale.

Plus de 90 malades ont été recensés aux Etats-Unis, dont la moitié sont des personnes rapatriées de l'étranger. D'autres sont sans lien connu avec un foyer de l'épidémie, ce qui laisse à penser que le virus commence à circuler sur le sol américain, encore très épargné.

Se voulant rassurant, le vice-président Mike Pence, qui coordonne la lutte contre cette maladie aux Etats-Unis, a annoncé lundi qu'un traitement pourrait être disponible "d'ici à l'été ou le début de l'automne".

L'épidémie bouleverse non seulement l'activité économique, mais aussi la vie sportive et les gestes de tous les jours.

Un Britannique sur cinq pourrait ne pas se rendre à son travail au pic du nouveau coronavirus au Royaume-Uni, a par exemple estimé mardi le gouvernement à Londres.

Google a demandé à certains de ses employés en Irlande, ayant été en contact avec un collègue présentant des symptômes grippaux, de travailler à domicile. Twitter a aussi pris ses précautions, encourageant "fortement (ses) employés du monde entier à travailler à domicile s'ils le peuvent".

En Chine, les usines du géant taïwanais Foxconn, le principal fournisseur de l'américain Apple, ne fonctionnent qu'à 50% de leur capacité habituelle.

Du côté du sport, le Comité olympique international continue toutefois à se préparer "pour des jeux Olympiques de Tokyo-2020 réussis", a dit mardi son président, à moins de cinq mois de la cérémonie d'ouverture.

Ruée sur les pâtes et le papier toilette

Parallèlement, nombre de supermarchés signalent une ruée sur les pâtes, l'eau minérale ou le papier toilette.

"Il est peu probable qu'acheter des lingettes, des nouilles déshydratées ou même des masques aide les gens à être en sécurité. Mais le simple fait d'acheter ces biens peut les calmer et leur donner l'impression qu'ils ont encore un peu de contrôle sur leurs vies", analysent Andy Yap et Charlene Chen, chercheurs à l'école de management Insead.

Ruptures de stock ou délais d'approvisionnement allongés : les fabricants de masques de protection et leurs vendeurs peinent d'ailleurs à suivre une demande qui explose en pleine psychose autour de l'épidémie du Covid-19.

A cet égard, en France, le président Emmanuel Macron a annoncé mardi que l'Etat réquisitionnait "tous les stocks et la production de masques de protection" pour les distribuer aux soignants et aux personnes porteuses du virus.

Les compagnies aériennes réduisent la voilure; les annulations de grands événements internationaux se succèdent... Rien qu'à Paris, exit par exemple le semi-marathon pour 44.000 coureurs inscrits ou encore le salon du Livre.

Aux Etats-Unis, la NBA a conseillé aux joueurs de basket de faire des poing-à-poing plutôt que des "high five" (tapes dans la paume de main) avec les fans, selon un média américain.

Et les négociateurs européens et britanniques, réunis mardi pour une deuxième journée de négociations sur les relations post-Brexit entre l'UE et le Royaume-Uni, se sont "mis d'accord" pour éviter de se serrer la main.

afp/rp